dimanche 16 décembre 2007

L’université : la fin des humanités ?

PAR ROLAND GORI, PROFESSEUR DE PSYCHOPATHOLOGIE CLINIQUE À L’UNIVERSITÉ D’AIX-MARSEILLE.

Le débat sur la loi LRU
L’INSERM dépistera-t-il les vulnérabilités génétiques et les dysfonctionnements neuro- cognitifs des étudiants et des populations contestataires ? Après le repérage des bébés délinquants, des déprimés, des suicidaires, des addictifs et la traque des « dys » de toutes sortes (dysthymiques, dysérectiles, dyslexiques, dyscalculiques, dysorthographiques…), faudra-t-il envisager des études « scientifiques » sur les cerveaux qui pensent bien et ceux qui pensent mal ? Notre civilisation a atteint un tel regain d’intérêt pour la « biologisation » des souffrances psychiques et sociales que l’on pourrait le craindre. Au moins, cela pourrait avoir l’avantage d’exonérer le Pouvoir de sa responsabilité dans la contestation sociale qui, des banlieues aux universités en passant par les hôpitaux, montre une jeunesse « inflexible ». Il y a du désespoir autant que de l’espérance dans ces revendications qui tentent de faire entendre au Pouvoir cette « part obscure » (*) de l’éthique d’une société. Les révoltes et les contestations qui affleurent sur notre scène sociale proviennent de causes multiples et hétérogènes. Mais une chose est sûre : les symptômes qui affectent aujourd’hui le lien social témoignent d’un refus de cette civilisation néolibérale à laquelle invitent les réformes du Pouvoir. Dans cette civilisation où « il n’y a que le chiffre qui compte », le soin, l’éducation, la culture, la justice… s’accommodent mal de cette validation par le marché des valeurs sociales qui les avaient fondés. L’Université se révèle par tradition comme un lieu de débat et de réflexion autant qu’un dispositif de transmission sociale des savoirs et des techniques participant à la production économique. La présente réforme des universités brade de manière aussi expéditive que bureaucratique les formations et les recherches insuffisamment flexibles, pragmatiques et souples aptes à ajuster les « potentiels » humains aux exigences du « capitalisme financier ». Non seulement, ces formations universitaires de psychologie ou de sociologie se révèlent aux yeux du Pouvoir comme économiquement improductives, mais encore elles fournissent les bataillons de la contestation étudiante. Dès le début des années 1990, on a commencé à compter avec les unités de mesure du monde anglo-saxon afin de normaliser tout ce petit monde et lui donner cette civilisation néolibérale qui lui faisait défaut. Au pays du tout-quantifiable, que valent la pensée, la réflexion, le livre, le soin, l’écoute, la culture, le service rendu… ? Que vaut la question humaine dans le monde de ces formations universitaires en pièces détachées rebaptisées depuis « unités de valeur » ? Que vaut le sujet dans un monde où l’individu n’est plus que l’exemplaire d’une espèce quantifiée, économisée, diagnostiquée, repérée, suivie à la trace, corrigée, « potentialisée », évaluée…, par ce « romantisme des chiffres » dont parlait déjà Max Weber ? Au nom de l’Europe et de l’international, nos managers de l’éducation et du soin ont normalisé, homogénéisé, déstructuré et anéanti les paradigmes qui incarnaient cette pensée « improductive » et contestataire que révélait la condition tragique de l’existence. La psychanalyse, la sociologie politique et l’anthropologie ont ainsi leurs plans de « restructuration » à un point tel que nous nous trouvons devant certains paradoxes. Pour exemple : au moment même où le ministre de l’Enseignement supérieur laisse ses conseillers, au nom de l’expertise, détruire les formations et les recherches en psychologie clinique, les parlementaires confient à ces mêmes diplômes le soin de garantir l’accès au titre de psychothérapeute ! La seule cohérence logique de ce Pouvoir semble se déduire d’une idéologie : plus ça ressemble au monde anglo- saxon, meilleur cela est. Et dans cette économie du profit qui liquide les formations, les soins et la culture, c’est l’humain qui passe à la trappe. Mais comme « tout est chimique » et « comptable » dans le darwinisme social, où est le problème ?
(*) Voir Élisabeth Roudinesco.

dimanche 2 décembre 2007

Quand l’imagination est au pouvoir… du racisme et de la haine elle est sans limite !

Fraude à l’identité ! extraordinaire ça ! ce qui ferait l’identité d’un être humain c’est sa nationalité, et non ce qu’il est, les signifiants qui les représentent, comment il les fait vivre auprès des autres. L’identité ramenée à des traits et des documents, objectivables ! Une identité évaluable ! Vichy n’est pas loin….et les sombres pratiques des terribles heures de notre histoire non plus.
Ce qui fait la nationalité c’est d’être inscrit sur le registre de la nation. Chacun est donc peu à peu réduit à un ensemble de chiffres.
Agents référents, réseaux, plan… ça ne vous dit rien ? Partout nous baignons dans ces mots qui engluent toute vie

« Tout va pour le mieux dan le ire des mondes possibles » comme dit Philippe Sollers
Bien amicalement

Philippe Cousty

En passant par l’annuaire des laboratoires du Cien

Passage d’une éducatrice spécialisée.
Traversée d’un Centre d’Accueil et d’Orientation en rupture d’hébergement à un Village d’Enfants SOS.
Arrivée dans le monde de la Protection de l’Enfance.
Enfants qui ont été placés parce que les parents ne pouvaient pas ou plus, ne savaient pas ou plus s’en occuper, les éduquer, les élever.
Les élever ?
Ils sont accueillis par des mères SOS, nouvellement nommées éducatrices familiales.
Ils vivent dans une maison, avec leurs frères et leurs soeurs, et/ou avec d’autres enfants, qu’ils ne connaissent pas.
Au quotidien, ils sont, souvent, sous les injonctions éducatives de l’éducation nationale et de l’éducatrice familiale.
Ils peuvent aussi être sous celles de l’éducatrice spécialisée.
Quelle est donc ma spécialité ?
En quoi suis-je donc sensée être spécialisée ?
N’ayant trouvé de réponse qui me convienne du côté de l’école des éducateurs spécialisés, j’ai choisi laquelle elle serait, laquelle elle pourrait être, laquelle j’aimerais qu’elle soit.
Ma spécialité est du côté de l’invention, de la création et de l’élévation.
Ma spécialité est dans le désir, dans la motivation, dans le plaisir, dans la transmission et dans … l’éducation. Ca, je sais que je suis sensée ne pas l’oublier.
Elle est dans les questions aussi, dans la réflexion.

C’est surprenant, où que j’ aille, où que je travaille de constater à quel point les rapports de force institutionnels sont fréquents et les possibilités d’actions en faveur de celles et ceux qui en ont besoin, sont réduites, restreintes.
C’est déroutant d’observer, d’entendre un peu partout ces discours de professionnels qui savent tout, qui ont une solution, un protocole à chaque problème … pour le bien de celles et ceux qui sont dans le besoin.

Mon travail, à présent, est orienté vers la protection de l’enfance et je découvre assez souvent des bons sujets maltraités et des mauvais sujets maltraitants.
La singularité n’a pas de place.
L’enfant est étiqueté : « il est mauvais », « il fait cela pour me faire du mal », « il n’est pas à sa place d’élève », « il ne se comporte pas comme un élève », « il n’écoute rien de ce que je lui dis », « je ne peux pas faire autrement que de la punir », « j’ai beau lui répéter, elle ne comprend rien, on dirait qu’elle le fait exprès » « je ne le supporte plus … » et tout un annuaire …

Les parents n’ont pas su éduquer correctement ; les éducateurs, les éducatrices familiales, les enseignants, parfois, ne savent pas mieux y faire que ces parents.
Ces parents qui, comme je l’entends souvent, « n’ont pas su poser de limites », « n’ont pas su se faire respecter », « n’ont pas su faire preuve d’assez d’autorité » …
Et ces éducateurs, ces enseignants qui imposent leur autorité à coup de discipline et de règlement, de cris et de « t’as pas intérêt à faire autrement », ou de « quand je te dis de venir, tu viens et tu discutes pas, tu fais c’que je te dis » …
C’est quoi l’autorité ?
Je vois la peur, la crainte dans les yeux de certains enfants.
Je vois des horreurs passés se réveiller .
Où sont les regards, la présence et la responsabilité des paroles que l’on adresse à l’enfant ?
Qu’est ce qui fait autorité pour un sujet, pour un enfant ?
Que leur fait on vivre ou revivre, nous les professionnels de la Protection de l’Enfance ?
Leurs parents étaient mauvais … que pensent ils de ces remplaçants ?
Quel est le sens de leur placement ?
Est-ce, sous couvert de La Protection de l’Enfance, une autre forme de maltraitance ?
Ou est-ce, avec d’autres, aider l’enfant à se faire une (autre ) place, sa place ?
Une place qu’on l’aiderait à (se) chercher ?
Un enfant qu’on soutiendrait, y compris dans ses façons de ne pas savoir y faire, de ne pas savoir quoi faire avec ce qu’on ne lui a pas appris à faire.
Un enfant qu’on soutiendrait aussi dans ses tentatives qui se transforment parfois en passages à l’acte.
Quand une éducatrice familiale ne supporte plus un enfant, qu’elle le nomme « délinquant », « psychopathe », l’institution soutient son passage à l’acte. Celui de pousser l’enfant … passer à l’acte. Le dernier acte d’une mise en scène dans lequel l’éducatrice familiale, l’actrice a sorti le grand jeu.
Dans le scénario, il manquait le pourquoi du passage à l’acte … de l’enfant.

Finalement, comment intervenir pour poser des actes qui prêtent à d’autres conséquences ?
Je réfléchis à « l’insu –portable ».
Dans un monde où tout bouge, tout speed, tout est devenu portable, portatif, que devient l’ insu-portable ,

Et si ça devenait une spécialité ?
Une spécialité pour accueillir la souffrance d’un enfant,
Une spécialité qui serait un détour pour prendre en compte les signaux qu’un enfant nous envoie
Une spécialité pour un accueil aménagé,
Une spécialité qui inviterait la singularité.

Le 25/11/07. Estelle GEHLE

samedi 1 décembre 2007

Compte rendu du CIEN, rencontre du 13.11.07

Présentation de l'annuaire des laboratoires du CIEN. Présentation de la pratique du CIEN pour les nouveaux arrivants.
Proposition de mettre au travail le texte les complexes familiaux de J. Lacan
Sébastien, se propose de nous parler d'une situation difficile rencontrée dans le cadre de son travail en tant qu'assistant d'éducation.
Un adolescent, interne dans le lycée, vient dire qu'il compte fumer le narghilé ce soir. Sébastien prend cette parole du côté du jeu, du rire. Le lendemain matin, le jeune et un ami sont retrouvés par Sébastien dans leurs chambres, endormis avec le matériel. Il a alors demandé aux adolescents de prendre leurs responsabilités. Sébastien n'a pas pu reprendre et en reparler avec eux.
Sébastien dit qu'il culpabilise de ne pas avoir été clair dans l'interdit posé et se demande s’il doit en parler au CPE avec le risque d'une sanction administrative pour le lycéen, la logique du directeur étant de se préserver des problèmes. Dire c’est prendre la responsabilité de ce qu’il va déclancher.
Sébastien prend la décision d'en faire part à l'administration et, comme imaginé, c'est la sanction qui a pris le pas sur la parole. Aucun travail de réflexion éducative n'a été proposé. L'adolescent a été exclu une semaine de l'internat.

Sébastien précise que cet adolescent se trouve dans une classe de garçons où deux groupes s’affrontent, un groupe de racistes et l’autre pas. Il y a eu une bagarre et cet adolescent a passé la nuit avant l’incident au poste de police. Le commissaire est venu le chercher pendant la classe.
De plus, la mère de cet adolescent habite dans un quartier difficile de Toul et elle a choisi de le mettre à l'internat.
Questions et remarques soulevées par le groupe :
Qu'est ce que l'autorité ? Comment dire l’autorité, on peut rire et rappeler la loi. Comment poser une limite quand pour soi ce n’est pas important ? Comment dire non quand je ne crois pas au non que j’énonce ? Est-ce que l'interdit va arrêter la pulsion ? Question de l’ennui et de l’angoisse.
Cet adolescent n'avait pas seulement envie de fumer mais envie que cela se sache. Peut être cherche-il des attributs de virilité ; ou bien il convoque un Autre.
Ce n’est peut-être pas fumer mais parler, que la bouche soit autrement au travail.
Le reproche que Sébastien se fait c'est d'avoir manqué à répondre à la question du jeune « qu'est-ce que tu feras si je te dis ce que je vais faire », « dans quel camp tu es ». Ne pas avoir dit au bon moment quelque chose qui aurait pu faire déplacer ce jeune revient pour Sébastien dans l’après-coup, il peut toutefois rectifier.
Peut être que ce jeune voulait être chez lui et que l'internat est le désir de sa mère.

Comment répondre d’une façon singulière ? « Et si on parlait d’autre chose ».

Ce garçon cherche quelque chose, quelle est la demande, il s’agit peut-être d’essayer d’ouvrir une perspective, permettre que ce jeune soit divisé parce que là, c’est lui qui divise Sébastien.

Il y a à séparer deux éléments, l’acte de transgression qui appelle ou non une sanction, c’est l’acte qui est jugé et il y a l’affrontement entre bandes. Il semble important de dissocier les deux choses pour s’adresser à ce jeune.

Discussion autour du thème de l’année, l’étrange, l’étranger, l’étrangeté
Marie-Odile évoque une citation « toute formation humaine doit réfréner la jouissance » et pose la question suivante : est-ce qu’aujourd’hui dans certaines formations humaines on ne déchaîne pas la jouissance ?
La formation humaine invite à un savoir y faire avec le trou, le vide, à un moment ou ça remplit partout.

Françoise propose une citation de Blanchot « parler à quelqu'un et le reconnaître inconnu est l’accueillir étranger sans l’obliger à rompre sa différence »
Il y a de l’irreprésentable et c’est cela qui fait différence, la figure de l ‘étranger vient boucher ce trou.
L’inconnu n’est pas adaptable c’est à accueillir.

Comment faire pour que l’étranger de chacun ne se résolve pas dans un combat contre ? Comment être responsable de cette part d’inquiétante étrangeté ? Comment ne pas le projeter sur l’autre ?
Trouver des inventions qui permettent que l’insymbolisable, que l’angoisse qui en résultent ne se transforment pas en combat contre d’autres humains.
On ne peut s’extraire du point de rivalité, on ne peut la faire disparaître puisque cela nous structure.

Proposition de travailler les quatre points dans Electro-CIEN (N°52).

vendredi 30 novembre 2007

Petite piqûre de rappel : nous nous retrouvons mardi prochain le mardi 4 décembre à 20h30 pour le travail du Cien.
Nous échangerons sur ce que nous avons vu et entendu dans la semaine du festival "La tête ailleurs", sur le forum de samedi dernier initié par Jacques Alain Miller, sur les explosions et aspérités du présent.
Puis quelques uns pourront évoquer ce qui fait point de butée dans les rencontres au travail.

Le jeudi 6 décembre à 18h à l'Autre Rive, Marie Darrieussecq lira des extraits de son livre : Tom est mort Ce sera l'occasion aussi de parler avec elle du droit des écrivains à aborder le sujet de leur choix.
Nous disposons pour le jeudi 13 décembre à partir de 18h d'une salle à Lillebonne pour la rencontre avec Noëlle de Smet, nous verrons qui peut venir et ce que nous prévoyons pour ce temps.
A bientôt et bonne fin de semaine
Marie-Odile

mercredi 28 novembre 2007

Sauvons la clinique

A la suite de la mobilisation à laquelle a donné lieu la pétition « Sauvons la clinique » (7563 signataires à ce jour), et la réunion du 30 juin 2007 à l’amphithéâtre Charcot (Hôpital de la Salpêtrière de Paris), le comité de coordination a poursuivi la concertation et la réflexion avec les partenaires et les représentants associatifs des praticiens signataires. Une réunion a eu lieu à Paris, le 7 octobre 2007, avec un collectif de psychiatres appartenant à plusieurs organisations professionnelles, afin d'explorer les suites à donner au mouvement. Cette réunion a fait apparaître la nécessité d'un temps de préparation par des actions communes, et par une réflexion sur le fond et sur les finalités, avant de réunir des Etats généraux de la clinique, sans quoi leur tenue pourrait être sans lendemain, comme ce fut le cas lors d'initiatives analogues.
Dans cette optique, le coordination propose l'organisation d'une réunion publique dimanche 10 février 2008, dont le thème est "Qu'entendons-nous par clinique?".
Sur le front de l'université, les signes tangibles indiquant la volonté de détruire à la source, les formations en psychopathologie clinique ne cessent d'affluer, et confirment les prévisions pessimistes de la pétition: nomination massive d'experts connus pour leur hostilité à la psychopathologie clinique à l'AERES (Agence de l'Evaluation de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur), à la DES (Direction de l'Enseignement Supérieur), absence de cliniciens dans les nominations au CNU (Conseil National des Universités), disqualification des équipes sur lesquelles s’appuient la recherche et la formation des psychologues cliniciens en psychopathologie et psychanalyse à Lyon, à Poitiers, à Rennes, à Paris X, tentatives de reconfiguration des formations à nos dépens à Aix-Marseille.
La situation est si grave que le SIUEERPP (qui, rappelons-le regroupe plus de 180 enseignants de psychopathologie clinique) a demandé audience à Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche (Ci-joint la lettre), un mois après, sa réponse est qu'il ne lui est pas possible "de donner une réponse favorable dans un délai raisonnable".
Nous n’avons plus d’autre choix que de mener une bataille vitale face à la volonté de destruction et à l’arrogance. Aussi, nous vous invitons à faire circuler ce communiqué et à amplifier les signatures de la pétition : « Sauvons la clinique ».
http://www.sauvons-la-clinique.org/ " href="http://www.sauvons-la-clinique.org/%3e">
Paris, le 19 novembre 2007

mardi 27 novembre 2007

Que dit aujourd'hui la psychanalyse de l'enfance ? Une intervention de Philippe Lacadée

Résumé
La psychanalyse réarticule l’enfant et l’enfance comme période de la vie dans un discours. L’enfant est un sujet à part entière affronté à un réel – dont les émois sexuels et la rencontre amoureuse sont des formes contingentes. La clinique psychanalytique précisément a pour tâche de repérer comment chaque enfant fait réponse à ce réel par un bricolage spécifique hors des modèles formatés où le discours du maître veut avoir le dernier mot. Faut-il encore que sa parole soit entendue et que les effets de jouissance qu’elle entraine (dans le corps, la pensée) ne soient pas méconnus. A ce point, le psychanalyste, à l’Ecole de Freud et de Lacan, est attendu. Les exposés prévus, à partir de cas cliniques, feront le pari de la cure analytique pour que parler(s) d’enfances(s) ne soit pas une vaine formule.

PARLER(S) D’ENFANCE(S)
Que dit aujourd’hui la psychanalyse de l’enfance ? Organisé par Gérard Laniez pour le CCAS de La Rochelle,
en collaboration avec Hervé Castanet,

Mercredi 5 décembre 2007Salon de l’Hôtel Mercure Océanide, quai Louis Prunier
La découverte freudienne a fait historiquement scandale à propos de l’enfance pensée comme un paradis d’où tout réel était exclu. On a souvent réduit ce scandale à l’affirmation d’une sexualité infantile dont la psychanalyse, à son orée, a délinéé les enjeux pour chaque sujet. Mais le véritable scandale est ailleurs. Une vérité bien plus intolérable s’y fait jour : la sexualité n’est pas naturelle pour le petit d’homme, pour celui qui parle. Elle dépend d’une machinerie mentale, d’une fiction inconsciente où les signifiants se nouent à des bouts de jouissance irréductibles où le corps est engagé. C’est la découverte de la phrase jouie qu’est le fantasme et qui dénaturalise la sexualité (= toute sexualité) qui est intolérable - beaucoup plus que les pratiques sexuelles précoces perverses polymorphes.
Le complexe d’Œdipe freudien est une première modalité symbolique de faire réponse aux formes de la rencontre avec ce réel – de lui donner statut de question. Garçons et filles s’y confrontent, mais ni y entrent ni en sortent de la même façon. Une clinique différentielle pour la névrose et la perversion trouve sa logique. Quand l’Œdipe fait défaut, la psychose affirme un réel obscène qui se déchaîne laissant le sujet face à l’énigme qui demeure telle.
La psychanalyse réarticule l’enfant et l’enfance comme période de la vie dans un discours. L’enfant est un sujet à part entière affronté à un réel – dont les émois sexuels et la rencontre amoureuse sont des formes contingentes. La clinique psychanalytique précisément a pour tâche de repérer comment chaque enfant fait réponse à ce réel par un bricolage spécifique hors des modèles formatés où le discours du maître veut avoir le dernier mot. Faut-il encore que sa parole soit entendue et que les effets de jouissance qu’elle entraîne (dans le corps, la pensée) ne soient pas méconnus. A ce point, le psychanalyste, à l’Ecole de Freud et de Lacan, est attendu. Les exposés prévus, à partir de cas cliniques, feront le pari de la cure analytique pour que parler(s) d’enfances(s) ne soit pas une vaine formule.
Hervé Castanet

Matinée
9h00 – 9h30 : Présentation par Gérard Laniez et Hervé Castanet
9h30 – 10h15
« De la pratique psychanalytique avec les enfants »Jean-Louis Gault, psychiatre et psychanalyste à Nantes, membre de l’Ecole de la cause freudienne et de l’Association mondiale de psychanalyse.
10h15 – 11h00
« Souvenirs d'enfance et embrouilles du corps » Christiane Alberti, maître de conférences au département de psychanalyse de l'université Paris VIII, psychanalyste à Toulouse, membre de l'Ecole de la Cause freudienne et de l'Association Mondiale de Psychanalyse.
11h15 – 12h00
« Le Pubère où circule le sang de l'exil et d'un père. » Philippe Lacadée, psychiatre et psychanalyste à Bordeaux, attaché au Centre de jour pour adolescents de La Demi-Lune d’Ornon (CHS de Cadillac), membre de l'Ecole de la Cause freudienne et de l'Association mondiale de psychanalyse. Il est vice président du Centre Interdisciplinaire sur l’Enfant (CIEN).
Après-midi
14h00 – 15h00
« L’enfant , le symptôme, l’hétéros »ou « ce que nous apprend le petit Hans* sur sa propre phobie, et que vous n’avez jamais osé demander à Lacan »
* Freud (S.), Analyse d’une phobie chez un petit garçon de 5 ans (Le petit Hans), P.U.F., Paris, 1970, p. 93-198
Yves-Claude Stavy, psychiatre des Hôpitaux, chef de service à l’EPS de Ville-Evrard, psychanalyste à Paris, membre de l’Ecole de la Cause freudienne et le l’Association mondiale de psychanalyse
15h00 – 16h00
« Résonance et variationsEntre parents et enfants »Yasmine Grasser, psychanalyste à Paris, membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association mondiale de psychanalyse, responsable de l’Unité-enfants du CPCT Chabrol (Centre psychanalytiques de consultations et traitements), Paris.
16h15 – 17h15
« L'inconscient c'est l'infantile » (S. Freud).Hervé Castanet est professeur des Universités, psychanalyste à Marseille, membre de l’Ecole de la Cause freudienne et de l’association mondiale de psychanalyse.

lundi 26 novembre 2007

Prenons d’ores et déjà date pour le Colloque Déprime Dépression, organisé par Jacques-Alain Miller sous le Haut Patronage du Ministère de la Santé et qui sera inauguré par Mme Roselyne Bachelot-Narqui, les 25 et 26 janvier 2008 prochain.

Nous prenons date aussi pour les 9 et 10 février pour le deuxième Grand Meeting à la Mutualité pour la défense et la promotion de la psychanalyse.

On se souvient que M. Douste-Blazy avait fait sensation à la Mutualité en février 2005 lors d’un Forum des psys en apportant son soutien à la psychanalyse, prenant à contre-pied l’expertise collective de l’Inserm sur les psychothérapies.
On se rappelle que M. Xavier Bertrand avait contré en avril 2006 l’extrémisme de son administration centrale en présentant un projet de décret d’application de l’article 52 sur le titre de psychothérapeute tout à fait raisonnable et équilibré.
Nous notons ici que Mme Roselyne Bachelot-Narquin en novembre 2007 passe outre l’ostracisme dont est l’objet la psychanalyse dans le Guide de l’INPES sur la dépression.

Un, deux, trois, cela fait une série. Trois décisions, trois prises de parole, trois actes, par trois ministres successifs : belle continuité ! « Le sérieux, c’est le sériel » a écrit Jacques Lacan. Cette série est à prendre au sérieux. C’est-à-dire qu’on peut et doit en tirer des conséquences. C’est ce que pour sa part, avec les collectifs qu’il rassemble, fera l’InterCoPsychos.

A lire également : Entretien avec Jacques-Alain Miller paru dans le Charlie Hebdo N°805, du mercredi 21 novembre.

mercredi 21 novembre 2007

Instantanés de l’InterCoPsychos

mardi 20 novembre 2007
Catherine Lacaze-Paule

Véronique Pannetier, nous informe d’une bien inquiétante nouvelle : la disparition de la profession de conseiller d’orientation-psychologue. Et cette disparition se fait au à la charge des professeurs, déjà bien saturés de nombreuses missions, qui vont effectuer l’information et les entretiens ou bien au profit de services privés forts payants… pour ceux qui y officient à coup de tests. Elle nous montre dans son texte clair et précis comment l’idéologie de l’évaluation y est à l’œuvre dans ce contexte de pénurie du travail pour tous. A contrario de la pratique clinique des conseillers d’orientation-psychologues qui s’attache, au un par un, à partir de ce qu’il y a de plus singulier chez un sujet en demande d’orientation professionnelle, à découvrir et inventer son orientation de vie dans la société qui passe parfois par des étapes, ce qui est préconisé actuellement c’est une approche de masse, de tests et de statistiques. Pourtant, « Le un par un n’est pas la négation du collectif mais sa condition nécessaire. » argumentait Véronique Pannetier dans un ouvrage collectif dont je vous recommande la lecture. « Exégèse des lieux communs en orientation » Éditions qui plus est.

Ce qui arrive aux psychologues conseillers d’orientations nous semble tout à fait du même ressort que ce qui se profile pour les psychologues qui ne réduisent pas leur pratique aux seules techniques. C’est pourquoi l’association InterCoPsychos et les collectifs soutiennent les actions de nos collègues.

mardi 20 novembre 2007

Laver plus blanc c'est une purge!

Suppression de l’enseignement d’anthropologie clinique dans le Master professionnel Psychologie Clinique & Psychopathologie de l’Université Paris-10 Nanterre ou de ce que révèle ce passage à l’acte:

A l’Université Paris-10 Nanterre le diplôme de Master Pro « Psychologie Clinique et Psychopathologie » s’est trouvé amputé du déjà trop maigre enseignement d’anthropologie clinique et psychanalytique qu’assuraient jusqu’à présent, à la suite de Françoise Couchard, Jean-Baptiste Fotso-Djemo et Oliver Douville, tous deux enseignants titulaires, connus comme de bon spécialistes de cette question par leurs publications et leurs communications scientifiques en Europe comme un peu plus loin ailleurs. Il ne vaudrait pas la peine de commenter plus avant une telle décision, prise sans aucune concertation par Jean-Michel Petot et annoncée aux deux responsables par un mail truffé d’arguties si elle n’annonçait une mutation idéologique inquiétante dans l’enseignement proposé à ces étudiants de Master 2, nos futurs collègues, donc. Certes, cette suppression piteuse d’un enseignement n’est qu’un coup de force, exécuté avec brutalité, sans qu’aucune réponse au courrier envoyé par les deux intéressés ne leur soit parvenu ni que quoi que ce soit n’ait été envisagé à propos de l’amputation de leur service statutaire qui résultait de cet « ukase ». Nous sommes assez loin de la correction et de la collégialité nécessaire à un fonctionnement clair et correct d’une équipe pédagogique. Cette décision est, de plus, et c’est le plus important, tout à fait à courte vue: qui ignorerait que nos futurs collègues vont travailler dans un monde mouvant, pluriel, où les questions de déplacements des populations, des exclusions et des exils fulgurent ? et qu’il convient d’inventer encore une voie clinique qui sans faire l’apologie d’un folklorisme culturaliste, sache entendre les incidences subjectives des ruptures de l’histoire et des exils.

Passons sur l’amertume qu’il y a à voir l’anthropologie clinique rayée d’un revers de main dans une université qui valait autrefois pour le prestige de l’enseignement qu’y dispensaient R. Dorey, B. Gibello et, surtout, D. Anzieu, lequel, nous le tenons de source sûre, avait proposée comme premier titre de sa collection « Psychisme », chez Dunod, celui précisément d’ « Anthropologie Clinique ». Analysons le symptôme que cette rupture avec la tradition de Nanterre révèle, par sa brutalité même. S’il y survivait encore un peu de l’esprit et de la rationalité de la psychanalyse en psychologie clinique, le territoire de l’abord psycho-dynamique s’est restreint très rapidement à une peau de chagrin. La psychologie clinique est en ces lieux devenue très rapidement un concentré d’enseignements dévolus aux dites nouvelles cliniques (celles qu’on déduit des DSM) et aux nouvelles psychothérapies (qu’on pourrait ranger sous la bannière P.T.S.P. –psychothérapies : tout sauf psychanalyse). On voit très bien l’anthropologie et la psychologie « new-look » qui découlent de ce genre d’idéologies : l’homme comportemental souffrant de quelques défauts d’adaptation au réalisme ambiant. On voit encore mieux à quel point le regard critique qu’une culture anthropologique véritable peut donner aux étudiants à propos de la promotion de ce nouveau typus psycholgicus était indésiré, redouté, encombrant.
C’est ainsi : cette médiocre petite histoire n’est rien qu’un exemple de plus qui montre à vif une antipathie des discours et des conceptions de l’homme qu’abritent d’une part la culture psychodynamique psychanalytique et, d’autre part, et à l’opposé le management psychologique en vogue. Il était logique que la hargne antipsychanalytique dont nos étudiants de clinique sont affublés jusqu’à l’absurde ne puisse admettre que l’on parle de culture et psychisme, de singularité et de collectivité, de la part jamais collectivisable du symptôme, refuse aveuglément qu’on tienne et qu’on présente pour décisifs les avancées « anthropologiques » de Freud, Roheim, Devereux, et de quelques autres plus actuels dont Pradelles de Latour, Duruz, Kaës ou Duparc.

C’est à ce titre que je tiens à porter à votre connaissance cette petite anecdote révélatrice comme on dit de l’ « air du temps ».

Olivier Douville

mercredi 7 novembre 2007

La chancellerie projette de supprimer les non-lieux pour troubles psychiques

LE MONDE 07.11.07 12h34

La justice ne pourra plus prononcer de non-lieu pour les malades mentaux criminels. Au nom des victimes, Nicolas Sarkozy avait demandé à la garde des sceaux, Rachida Dati, de faire en sorte qu'il devienne possible de les faire comparaître. La commande est exécutée. Un avant-projet de loi, dont Le Monde a eu connaissance, prévoit une nouvelle procédure aboutissant à des "décisions de culpabilité civile".

Deux faits divers ont motivé la volonté présidentielle : l'affaire Romain Dupuy, un schizophrène qui a tué une infirmière et une aide-soignante en 2004, dont le non-lieu est contesté mercredi 7 novembre devant la cour d'appel de Pau. M. Sarkozy avait reçu les familles des victimes, après que le jeune homme avait été déclaré irresponsable en août. Le même mois, il était conforté dans son idée, après le viol d'Enis, 5 ans, à Bordeaux, par un malade en permission de l'hôpital psychiatrique.
Le texte, à l'examen du Conseil d'Etat, n'est pas définitif. Il prévoit que le juge d'instruction ne pourra plus prononcer de non-lieu sur la base de l'article 122-1 du code pénal. Celui-ci exonère les auteurs de crime ou de délit de toute responsabilité pénale si un trouble psychique a aboli leur discernement quand ils ont commis leur acte. Le juge délivrera une "ordonnance d'irresponsabilité pénale pour trouble mental".
C'est la chambre de l'instruction qui décidera de renvoyer ou non l'auteur atteint de troubles psychiques devant des juges. Si le parquet ou les victimes le demandent, une audience publique se tiendra. Après l'interrogatoire du mis en examen, la déposition des experts et celle des témoins, la chambre de l'instruction pourra renvoyer l'auteur des faits devant un tribunal ou une cour d'assises, ou déclarer son irresponsabilité en raison de l'abolition de son discernement. Le "non-lieu", là encore, disparaîtra. Il sera rendu "un arrêt de constatation de culpabilité civile de la personne", notion qui laisse très sceptiques les juristes.
Les juges de la cour d'appel déclareront "que la personne a commis les faits qui lui étaient reprochés". Ils prononceront son irresponsabilité pénale. Mais ils pourront déclarer sa responsabilité civile, en statuant sur les demandes de dommages et intérêts. Enfin, la chambre de l'instruction pourra ordonner des mesures de sûreté, telles que l'interdiction de paraître dans certains lieux ou celle d'exercer une profession sans examen psychiatrique préalable. La décision lèvera la détention provisoire et le préfet pourra prononcer une hospitalisation d'office.
"DÉSIGNER OFFCIELLEMENT L'AUTEUR DES FAITS"
Deux autres dispositions prévoient que les cours d'assises et les tribunaux correctionnels pourront, eux aussi, déclarer la "culpabilité civile" et statuer directement sur les dommages.
La cour d'assises peut déjà se prononcer sur deux questions : "l'accusé a-t-il commis les faits reprochés?" et "l'accusé bénéficie-t-il pour ce fait de la cause d'irresponsabilité prévue par la loi?" Mais les investigations s'arrêtent la plupart du temps dans le bureau du juge d'instruction. Les victimes se voient alors privées d'explications. Le juge n'a pour seule obligation que de leur adresser un courrier recommandé notifiant les résultats de l'expertise qui conclut à l'irresponsabilité.
Pour l'Association des parents d'enfants victimes (Apev), qui participe depuis plusieurs années aux réflexions ministérielles, l'ordonnance de non-lieu, ainsi rendue, était à proscrire. Son président, Alain Boulay, a réclamé qu'il soit possible de "désigner officiellement l'auteur des faits après un débat public".
"Il ne s'agit pas de juger les fous", affirme le porte-parole de la chancellerie, Guillaume Didier. Le faire serait contraire à la tradition juridique démocratique : une infraction n'est poursuivable devant la justice que si l'intention de la commettre est établie. Pour la chancellerie, il s'agit de "faire en sorte qu'existe une véritable audience pour évoquer les faits".
Le texte ministériel va cependant plus loin que le premier projet élaboré en 2003 à la demande du garde des sceaux Dominique Perben. Les experts désignés alors avaient proposé de créer une juridiction spéciale, qui devait statuer non sur une culpabilité mais sur "l'imputabilité" des faits à l'auteur malade mental. Cette esquisse avait été très critiquée parmi les magistrats et les médecins psychiatres.
"Les responsables politiques disent que, sans procès, les victimes ne font pas leur deuil, et qu'il leur faut un espace judiciaire pour leur permettre d'exprimer leur traumatisme, explique Emmanuelle Perreux, présidente du Syndicat de la magistrature (SM, gauche). Mais la question de la réparation personnelle ne peut être réglée par la mise en scène de la justice." "La demande des victimes n'est pas une demande de thérapie, ni une demande de cérémonie rituelle pour justifier les décisions précises", avait tempéré l'Apev.
Les médecins, eux, dénoncent le fait que la pénalisation de la folie est déjà inscrite dans la réalité. Le nombre d'ordonnances de non-lieu prononcées par les juges d'instruction pour irresponsabilité est en chute libre : près de 450 en 1987, moins de 200 dix ans plus tard. La conséquence est que les prisons abritent 21 % de détenus psychotiques.
Nathalie Guibert

mercredi 24 octobre 2007

Compte-rendu de la réunion du CIEN

Rappel
Le 07 juin aura lieu le colloque du CIEN.
4 axes de travail sont proposés :
- la langue administrative, une langue qui évalue et exclue l’étrangeté ;
- l’étrangeté irréductible ;
- l’intrus et l’intrusion (transformation du corps, de ce qui peut faire intrusion et vient compliquer la vie de quelqu’un) ;
- les « bancs-lieux » et les marches de l’Autre (les inventions de langue qui passent d’abord par l’injure jusqu’à la poésie, comme une logique de construction d’un lien social).

Nous avons décidé cette année de travailler autour du thème de l’étrange-l’étranger-l’étrangeté, l’adolescence comme laboratoire du vivant.
Remarque : l’étrangeté s’est invitée dans le groupe, certains d’entre nous se sont mis à écrire en rimes, comme les ados.
Un idée a été avancée de travailler en petits groupes, comme « extérieur-intime ».

· Une situation est évoquée concernant la création d’un blog, d’un extérieur, par des adolescents confrontés à la mort d’un d’entre eux. Ils détournent ainsi l’obscénité administrative consistant à recopier un texte, et réinventent le lien, ce qui leur permet d’évoquer la mort, leur ressenti. Le réel de la mort était alors rabattu du côté des spécialistes, alors qu’il s’agit face à ces adolescents d’accueillir le nouveau, tout le temps, comme quelque chose qui n’a pas de fin. De la question de la mort, de la sexualité, on est face à un reste qui ne se transforme jamais, un trou qu’aucun objet ne viendra combler. L’expérience analytique vient nous faire accepter ce décalage.

C’est à l’adolescence que l’on devient étranger à soi-même, face au trou. Temps de la structure où on a à faire quelque chose face à ce qui pousse en soi, la poussée de la pulsion.
Référence à un auteur japonais : KENZABURO OE « Adieu mon livre »
Ces adolescents prennent en charge l’horreur avec les mots en créant des slam. Comme s’ils étaient pris dans la lalangue, ils sont dans la jouissance de l’insulte dans un premier temps, puis jouissent de la mise en maux de la langue et font des textes. Ils découvrent que la langue crée un autre monde que le monde des choses.
Ce texte administratif que les élèves doivent recopier, comme si on leur volait les mots, ils en ont fait autre chose, reprenant la responsabilité de leur côté.

· On évoque le Réseau Educatif Sans Frontière, qui se centre sur l’aide aux familles avec enfants. Il est constaté un durcissement des lois concernant les personnes étrangères. Le réseau décide une fois tous les 15 jours de se rendre visible Place Maginot pour sensibiliser l’opinion publique.
Prochaine date : le samedi 06 octobre à 15H00.

· Références de livres : Olivier ADAM « A l’abri de rien »
En lien avec l’adolescence : Haruki MURAKAMI « Kafka sur le rivage »,
Du côté de l’étranger : GAUDET « Eldorado ».

· Au front des classes, que se passe-t-il ?
Hélène nous donne des nouvelles d’une situation déjà évoquée sur internet : un prof a mis une gifle à un élève, appel téléphonique, scène où la mère gifle la prof, insultes, escalade. Nous y réfléchissons.
On voit ce que chaque élève en a fait.
Des questions émergent : comment éviter que ça fasse épidémie chez les élèves et les profs ? Peut-être ne pas trouver tout de suite une solution ?
Comment arrêter une folie qui devient une défense de corps ?
Alors qu’il n’y a pas de vérité de l’événement, accepter que les élèves puissent déposer quelque chose de leur fantasme, d’une pure construction ? ou plutôt accepter de dire qu’on ne sait pas ?
On peut décider de prendre position à partir de la parole de l’enfant, quelle réponse trouver à cette parole-là ? A chacun de trouver la sienne, plutôt que d’un « on » collectif ?
A partir d’un événement imprévisible, il n’y a pas de réponse, ni une manière d’y répondre. Essayer d’appliquer le sujet à la masse, dissocier ce qui s’agglutine, extraire du « on » un « je ».

Prochaine date : mardi 13/11/2007

mercredi 3 octobre 2007

Prochain numéro de Terre du Cien

Chers amis
La parution du numéro 22 est prévue pour le mois de novembre, avec un dossier sur « les pathologies du tout-dire » qui nourrissent les rumeurs, les impudeurs, les indiscrétions de notre époque, où la poursuite de la jouissance a supplanté celle de l'idée du bonheur. Des magistrats, éducateurs et psychologues y écrivent sur la manière dont on recueille la parole des enfants dans les procédures de justice, dont on l’accueille après-coup dans des institutions.On trouvera aussi, dans ce numéro, des travaux de participants aux laboratoires. L'indécence se loge dans des discours cadrés, impersonnels, nous dit l'un d'eux, enseignant (il parle d’une épreuve du bac constituée par de « projets personnels encadrés », PPE) qui sont au service de la ségrégation plutôt que de l'enseignement. Face à cette indécence, il y a ces moments de délicatesse que décrivent d ‘autres participants, et qui ont été pour tel enfant ou tel adolescent « un instant fragile où livrer une part de son être », comme le dit si bien Philippe Lacadée dans son intervention à PIPOL 3 : un jeu de langue s’égalant à un jeu de vie, une parole soutenant un dire.
Tous les travaux des laboratoires sur ces thèmes seront les bienvenus. N’hésitez pas à nous les communiquer en nous proposant des textes, d’ci le 20 octobre.
Bien à vous.
Michèle Rivoire
Responsable de la rédaction de Terre du Cien.

Journées d’études de l’Ecole de la Cause Freudienne

Paris le 6 et 7 octobre 2007 Notre sujet supposé savoir, ses incidences cliniques, ses enjeux politiques. Comment finissent les analyses.
Marie-Rosalie Di Giorgio
L’insoutenable poids de l’être “seule”
Madame N est une femme ayant dépassé la quarantaine, vivant avec sa mère depuis une vingtaine d’années. Je la reçois depuis 5 ans. Au début de nos rencontres, elle se présente elle-même comme “dépressive”. Ses propos sont marqués par une plainte généralisée et notamment sur ses angoisses. Elle a une activité professionnelle, même si les arrêts maladie sont fréquents. J’ai toujours soutenu l’importance pour elle du travail. Il est difficile de donner des éléments d’histoire familiale. Il n’y a pas d’histoire, mais des propos n’appelant aucune suite, par exemple “j’ai été couvée pendant mon enfance”, ou encore des faits disjoints, qui ne font pas lien, qui ne tissent pas une “historiette” à la mode du névrosé. Disons quand même que le père est décédé et avait été souvent hospitalisé en psychiatrie. Un des éléments déterminants s’avèrera être l’énoncé récurrent de la mère jeté à la figure de la patiente : “Tu es comme ton père”. Ce “comme” recouvre la plainte, le côté dépressif et anxieux, le fait d’être toujours malade. Je me souviens très bien de cet entretien – c’était au début – où j’interrogeais à nouveau Madame N sur son père, et où elle m’a répondu qu’elle préférait ne plus en parler parce que ça la faisait “se sentir pas bien”. A bon entendeur, salut ! A ceux qui croient au “faire parler”, cette patiente nous enseigne la prudence. L’énoncé maternel a des effets dans plusieurs domaines. Jusqu’à récemment, les hospitalisations en psychiatrie de ses amies plongeaient Madame N dans un état de détresse important. Elle était prête à se faire hospitaliser elle-même, ce qui lui avait même été proposé par le psychiatre. A chacun de ses épisodes, j’ai bataillé sec, si j’ose dire, dans un “dire que non” à ce qui l’aspirait sur cette pente, réalisant l’énoncé de la mère. Madame N décrit sa mère comme un personnage “autoritaire, n’en faisant qu’à sa tête”, disqualifiant sans cesse ce qu’elle fait. Ce qui revient de manière récurrente, c’est l’“agressivité” de sa mère à son égard. Il a fallu du temps pour que Madame N puisse énoncer qu’elle ne pouvait pas quitter sa mère. Bien entendu, cela s’est dit sous la forme d’un “ne pas la quitter” parce qu’elle “doit s’en occuper”. Ce qui a été toujours présent mais qui a pris progressivement une place différente, c’est la plainte d’être “seule”. “Seule” malgré ses amies, avec lesquelles Madame N pouvait faire preuve d’une écoute sans limites. La réciproque n’étant pas au rendez-vous, se déclinait sur le registre de l’exploitation : “On profite de moi”. Mais à côté de ce versant, il y en a un autre, celui d’être “laissée tomber” : “On me laisse seule comme un chien”. C’est ce versant-là qui a sans cesse à être traité. Il me semble que la façon de traiter le “seule” de Madame N est ce qui a constitué un tournant dans les entretiens. Après avoir essayé de le tempérer, nous l’avons accueilli comme tel. Cependant, avant cela, il a fallu opérer un déplacement. Il ne s’agissait pas d’accueillir le “seule comme un chien”. A côté de mes interventions vigoureuses contre tout ce qui la mettait en position d’objet déchet, ce qui pouvait l’amener à vouloir se “jeter par la fenêtre”, j’ai pris acte de son “seule” à s’occuper de sa mère. A partir de là, ce signifiant est venu organiser le monde de Madame N. C’est actuellement ce qui la représente auprès de l’Autre et ce qui ouvre à la dimension de ce que l’on peut faire à partir de ce point. Il s’agit de viser un certain savoir faire avec ce “seule” et c’est ce sur quoi les entretiens portent maintenant essentiellement. Ce que m’a enseigné Madame N, c’est qu’en dehors du point de certitude, il y a tout un pan où ce sujet nous a progressivement supposé en quelque sorte un savoir. Un savoir sur comment faire, là où elle pouvait dire qu’elle ne savait pas, ou comment comprendre ce que lui avait dit telle personne, c'est-à-dire qu’elle était alors en proie, soit à une énigme, soit à une interprétation figée, sur le versant persécutif. Un savoir donc essentiellement dans sa relation aux petits autres. Dans le premier cas, il m’est arrivé d’avoir à dire ce qu’il vaudrait mieux éviter, d’avoir à indiquer des pistes. Dans le deuxième cas, il s’agissait plutôt de proposer d’autres sens possibles, pour assouplir le sens qui la visait. Incontestablement, son rapport aux autres - et cela inclut la hiérarchie - s’est pacifié. C’est dans ce domaine où une subjectivation est nettement sensible. Je pourrais dire qu’elle n’a plus trop à “se servir” de son analyste à cet endroit. Quant au point de certitude, il était là mais d’une certaine façon, c’est dans les entretiens qu’il a pu être dégagé. C’est maintenant qu’on peut dire que ce que Madame N sait, c’est qu’elle est “seule”. En prendre acte a apporté un certain apaisement et un travail est engagé sur comment faire avec ça. Il n’en demeure pas moins que pour l’instant, il est nécessaire de continuer à traiter la jouissance en trop qui y est associée dans certaines circonstances précises. C’est d’une présence réelle dont il s’agit pour la position de l’analyste, d’autant que l’objet voix n’est pas absent dans ses appels téléphoniques plus ou moins fréquents. Peut-être une voix qui vient tempérer la férocité de la voix de l’Autre !Pour paraphraser Guy Briole dans son article dans le numéro spécial de La Lettre Mensuelle, c’est une certitude de savoir qui s’adresse à un sujet supposé savoir à quel point Madame N souffre, supposé accueillir sa “douleur d’exister”, si l’on admet le versant mélancolique de ce sujet.

Journées d’études de l’Ecole de la Cause Freudienne

Paris le 6 et 7 octobre 2007 Notre sujet supposé savoir, ses incidences cliniques, ses enjeux politiques. Comment finissent les analyses.* * * * * * *Débat préparatoire
Jean-Pierre Rouillon
Le savoir et l’autismeL’autiste objecte à la supposition de savoir. Nul savoir ne surgit pour permettre d’ordonner ses comportements, ses gestes, ses mots, ses phonèmes. Pour sortir de cette impasse, il n’y a qu’une voie : prendre acte du fait que l’autiste est un être soumis au signifiant et que c’est à partir de son rapport singulier au signifiant et au corps qu’un dialogue peut s’instaurer lui permettant de consentir à son appartenance à la communauté humaine. Si le sujet autiste est un sujet pris dans le signifiant, c’est un sujet qui se défend contre la jouissance. Ce qui peut par moment apparaître comme jouissance effrénée est tentative de défense contre la jouissance, et il y a lieu de distinguer le ravage qui laisse le sujet dans la déréliction, qui l’exclu de la position de sujet de ce dont il use pour se défendre contre la jouissance. C’est en effet, sur cette défense qu’il s’agit de prendre appui et non pas sur la défense qu’il faudrait. Ce qui implique de prendre appui sur ses gestes, ses paroles, c’est-à-dire sa pantomime pour reprendre l’expression de Jacques-Alain Miller. Nous devons partir de ce que le sujet nous présente non pas en le réduisant à des comportements, mais en le considérant comme un texte en lui restituant la part d’énigme qui permet de creuser un premier écart entre le sujet et son corps, entre celui qui se défend et son être de jouissance. Cette fonction du langage qui s’incarne pour le petit Robert, dans ce mot, Le Loup ! , signifiant tout seul vient se produire pour d’autres sujets dans un geste, dans un bruit, dans un son venant du corps. Il ne s’agit pas d’accuser réception de cet objet comme d’un cri qui pourrait faire appel, mais de prendre acte du fait qu’il s’agit d’un signifiant, c’est-à-dire de quelque chose qui au-delà de la distinction du sens et de la jouissance, est à lire. C’est ce début de lecture que peut instaurer le redoublement, le fait de reprendre avec tact ce que l’analyste vient de prélever dans la pantomime du sujet. La surprise provient alors du consentement ou non du sujet à l’écart que l’analyste vient d’introduire. Il le reprend mais en lui imprimant une différence, en creusant un écart avec ce qui vient de surgit comme texte. S’instaure alors un dialogue insensé témoignant d’une présence à l’autre qui introduit la vie au lieu même où l’inanimé semblait avoir pris définitivement ses quartiers. Ce dialogue fragile, qui se déroule dans l’instant sans se vouer à la durée, ce dialogue qui permet au sujet de respirer en prenant langue avec un autre est le signe qu’une rencontre a eu lieu et que des conséquences peuvent s’en déduire. Il y a lieu alors de prendre acte du savoir y faire du sujet avec la jouissance, savoir y faire qu’il peut justement construire dans ce dialogue avec celui qui a consenti à s’en faire le partenaire.

dimanche 30 septembre 2007

Brèves de lycée

12h30, des garçons arrivent au compte-goutte au gymnase. Ils se mettent en tenue de sport, là, au bord du terrain, sans passer par le vestiaire. Ca va plus vite. Chahyd arrive et s'installe sur la haute pile de tapis, dans le renfoncement. Allongé sur le ventre, le menton posé sur ses deux poings serrés, un peu dans la pénombre, il regarde les copains qui s'organisent en équipes et commencent à taper le ballon.
« Alors Chahyd, tu ne joues pas aujourd'hui ? » Ca ne va pas fort, me dit-il. Les ennuis recommencent. Il a eu des mots avec Madame C., une de ses profs. Il va déjà avoir un rapport. Il me raconte les motifs, c'est un peu confus. Je me souviens de quelques unes de ses paroles.
« De toutes façons, on peut rien faire, moi je suis déjà catalogué. On te voit comme tu étais y'a trois ans, comme t'étais y'a deux ans. On te donne pas de nouvelles chances... La prof elle a dit, la classe, ça pourrait aller s'il n'y avait pas deux ou trois cons. C'est nous les cons » « Madame, vous dites qu'on peut parler aux profs, mais c'est pas vrai. Ils s'en vont quand on veut leur causer »
Je dis que d'aller parler seul avec un prof, c'est différent que d'y aller à plusieurs élèves. Je dis aussi à Chahyd que décidément, il y a quelque chose qui revient souvent dans ses histoires: A l'entendre, il est toujours « la victime des méchants profs », mais comment leur parle-t-il donc pour que ça se passe comme ça ?
Il enchaîne. « De toutes façons j'en ai vraiment marre de l'école. Là je redouble mon BEP (il a deux ans de retard) ça me gonfle, j'sais pas moi, mais peut-être que je suis pas fait pour les études? »
Je lui demande: « Et si tu n'étais pas au lycée, tu ferais quoi? »
Il dit d'un ton animé : « Moi, madame? Mais je serais prêt à prendre n'importe quel boulot! Vraiment n'importe lequel! Pourvu que j'ai une paye à la fin du mois. Même ramasser les poubelles, s'il fallait. J'en ai marre du lycée. De toutes façons, je le sais que je serai jamais comptable»
« Et pourquoi donc ? »
« Ouais, c'est mon père qui veut. Mais si je lui dis que j'arrête, il me tue »
« Mais tu as essayé de lui en parler au moins à ton père de ça? »
Sort alors un petit « ouais »

Hier, il me semble avoir entendu un élève dire que Chahyd avait donné (allait donner?) sa démission. Il faudra que je me renseigne pour savoir ce qu'il en est.

Manola ne fais plus rien en EPS. Elle arrive en cours et dis qu'elle a mal au ventre et au dos. « Trop mal » dit-elle. Elle redouble sa terminale. Je l'avais déjà en cours l'an dernier. Une fille sportive, très volubile, au phrasé méditerranéen, une voix forte, parfois criarde, prompte à commenter tous les évènements. Des paroles qui fusent du tac au tac. Look recherché de fille, avec les moyens du bord. Des baskets couleur or, des grandes créoles, des ceintures kitsch. On achète ce qu'on peut avec trois sous.
Ce vendredi, nous avons un peu de temps avant le début du cours, il est 8 h 20, à la pépinière. Manola n'a toujours pas ses affaires de sport, elle est assise au bas des escaliers, jambes pliées, en boule.
« Alors, Manola, qu'est ce qui ne va pas ? »
« J'ai encore mal au ventre et au dos, la dernière fois le médecin a dit que j'avais rien mais je vais retourner le voir et je vous ramène une dispense bientôt, promis. »
« Ca vient de quoi, tu crois ? »
Petite mine défaite « Ca va pas à la maison, et puis j'ai toujours pas trouvé de stage (on est vendredi, leur stage doit commencer lundi), de toutes façons j'en ai marre, j'ai envie de tout arrêter là. T'façon j'vais plus en cours ces derniers temps. J'pars le matin avec mon sac et j'traîne»
« Ca va pas à la maison. C'est avec les parents? »
« Non c'est avec mes frères. J'ai un petit copain et ils veulent pas »
« Ah bon, ça fait longtemps? »
« Ca fait deux mois, mais c'est ma petite soeur, elle m'a vu avec lui, et elle a tout raconté ! et maintenant ils sont tous sur moi là, j'en ai marre »
Je n'ai pas l'habitude de voir le visage de Manola si triste.
« Ben, ils te voient peut-être encore comme la petite Manola, il faut le temps qu'ils s'habituent au fait que tu es une jeune fille, ils vont s'y faire »
« Non, eux ils pensent que si t'as un copain, t'es une... enfin, je peux pas vous le dire le mot »
« Ben vas-y, exprime toi, pas de gêne »
« Ben... une pute. Alors qu'on fait rien de mal, on se voit juste. »
Je dis: « On dirait que t'en as plein le dos »
Elle sourit. Je lui propose d'appeler mon ancien club de sport à la fin du cours pour voir si elle peut y faire son stage. Je lui dis de réfléchir à cette proposition pendant l'heure. Fin du cours, Manola est d'accord, coup de fil au club, non, ce ne sera pas possible. Manola est déçue. Je prends son numéro de téléphone pour la prévenir si une autre personne du club pouvait l'accueillir.
10 h: Je reviens au lycée et parle du cas de Manola à la prof principale, elle n'était pas au courant. A midi, à la cantine, la chef de travaux tertiaire me dit qu'elle a vu Manola et lui a trouvé un stage, à Pompey. « Avec une dame très gentille »
Petit texto par téléphone à Manola: « Apparemment c'est bon pour ton stage? »
Texto retour: « Oui, mais Pompey, c'est loin pour moi je trouve. Si ça ne me plaît pas je changerai sûrement. Merci quand même » me répond-elle.

Tomblaine – Pompey, ça peut faire loin, quand on a des frères sur le dos. A moins qu'elle en profite pour prendre un peu le large ? Il faudra que je demande de ses nouvelles.

Au gymnase, vendredi entre midi et deux. Une bande de 4 garçons footballeurs papillonne sur les trois activités sans se fixer sur aucune. Le vendredi, c'est volley, basket, danse. Pas foot. L'un d'eux, je ne le connais pas encore, tape comme un sourd dans le ballon de volley, faisant mine de rentrer dans la partie en cours, puis il lâche les quatre jeunes filles et s'en va en marchant nonchalamment. Il est partout et nulle part, désorganisant ce qui se met en place. Avec mon collègue nous décidons entre nous qu'à l'avenir, les « footballeurs » viendront au gymnase uniquement sur leurs créneaux, les mardis et jeudis. Je rassemble les quatre jeunes et leur dit qu'il doivent se décider. Ou bien ils rentrent dans une activité et s'y fixent, permettant aux autres de continuer à jouer, ou bien ils se mettent sur le côté. Mais ils doivent arrêter leur petit manège.
Ca ne s'arrêtera pas, ils tournicoteront ainsi jusqu'à la fin. Je parlerai quand même à l'électron libre, il semble assez particulier, comme insaisissable.
« Dis donc, toi, c'est quand même pas banal, je te parle et tu fais comme si tu ne m'entendais pas, pourtant tu a compris ce que je te demandais »
« Vous savez, Madame, me dit-il tout en continuant de déambuler, c'est comme ça depuis toujours avec moi, c'était déjà comme ça quand j'étais en primaire » Il a un sourire un peu inexpressif, sourire qui n'a pas quitté son visage depuis qu'il est rentré dans le gymnase.
Il est l'heure, la sonnerie va retentir bientôt, tout ce petit monde se disperse. Je me demande si cet élève dit vrai. Est-ce que ça sera toujours comme ça avec lui ?
Vendredi 13h30. Je rentre chez moi, m'allonge et dors pendant deux heures.
Yasmine Yahyaoui, le 29 septembre 07

dimanche 16 septembre 2007

LES NOUVELLES CLINIQUES

dialogue issu de l'émission de France culture présentée par Jacques Munier
LE PASSAGE A L ACTE DES ADOLESCENTS

Philippe. LACADEE

Jacques Munier :
On a étudié les pratiques à risques des jeunes sous l’angle sociologique (D Le Breton), mais beaucoup moins la dialectique subtile et parfois destructrice de la construction de la personnalité, moment par nature de grande fragilité avec l’auto affirmation de soi surtout dans un milieu social hostile. Les explosions de violence urbaines régulières de puis quelques années et le taux élevé incompressible du suicide chez les jeunes devraient pourtant nous inciter à porter le regard sur ces réalités moins voyantes et plus intimes et pourtant décisives de la formation du sujet.

P. L : Ca nous permet de parler de ce qui a été un moment difficile et qui caractérise le moment toujours difficile pour l’adolescent, le moment où comme le disait Freud, il doit se détacher de l’autorité parentale, le moment à la fois nécessaire et douloureux. Nous préférons parler plutôt que de crise de l’adolescence, de la plus délicate des transitions en référence au poète écrivain Victor Hugo, qui permettait de saisir combien ce moment que Freud avait appelé métamorphose de la puberté, comment ce moment de transition effectivement ne va pas sans prises de risques. Freud disait que serait une vie qui ne comporterait pas de prise de risque ?

L’adolescent s’appuie sans le savoir sur ce formidable énoncé de Rimbaud qui au nom de la vraie vie n’hésita pas lui-même à prendre des risques. Conduites à risques dites-vous, ça a beaucoup intéressé David Le Breton qui le présentifie sous le nom je ne dis pas d’une nouvelle pathologie, mais d’une nouvelle approche de ce qui peut être difficile dans cette transition. Alors dans ces conduites à risques, on peut loger beaucoup de choses que nous appelons en clinique des nouveaux symptômes qui ont à voir avec des pratiques de rupture, Comme si ces conduites à risques -dans une certaine adresse à l’Autre, mais quel Autre ? c’est ce qu’il faudra déchiffrer-, pouvaient démontrer comment on pourra se passer de l’Autre et voir comment on peut même refuser l’Autre sur lequel l’enfant avait pris appui, pour effectivement mettre sa vie en jeu, sa vraie vie, sa vie authentique à laquelle tiennent ses jeunes de banlieue pour avoir accès à quelque chose d’autre, Autre, c’est un mystère que l’on essaiera d ‘éclaircir.

J.M. : On va essayer, ces conduites à risques on peut en dresser la liste, la toxicomanie, l’alcoolisme, la vitesse sur la route, les tentatives de suicide, les troubles alimentaires, les fugues. Ces explosions de violence en banlieue qui deviennent endémique aussi.

P. Lacadée : sur ces explosions de violence, il faut peut-être avancer en prenant appui sur la clinique analytique qui permet de pouvoir déchiffrer ces provocations langagières ou ces comportements de violence, qui sont inhérentes à ce moment de transition de l’adolescence. Pourquoi un moment donné, l’adolescent ne peut pas faire autrement que d’être pris dans cette attirance qu’en psychanalyse nous appelons l’acte. Faisons référence à une lettre adressée à Fliess, dans la Naissance de la psychanalyse où il écrivait : « tout excédent de sensualité empêche la traduction en image verbale », en fait tout excédent de sensations, de tensions empêche la traduction, avec Lacan on pourrait dire en mots. Par moment , certains adolescents qui sont confrontés à quelque chose de nouveau qui surgit en eux, qui peut être une sensation, une tension et s’ils n’ont pas les mots pour dire ça, peut arriver la provocation langagière. Provocation en latin provocare, c’est appeler vers, vers le dehors. La question est quelle modalité de réponse allons nous offrir à ces jeunes qui utilisent cette scène pour pouvoir dire quelque chose ?

P.M. : vous venez de citer Freud. Je vous fais écouter la réponse au plaidoyer d’un pédagogue. « Si les suicides de jeunesse ne concernent pas seulement les lycéens, mais les apprentis entre autres, cette circonstance en soi n’innocente pas le lycée, peut-être exige t’elle l’interprétation selon laquelle le lycée sert à ses ressortissants de substituts au traumatisme que d’autres adolescents rencontrent dans d’autres conditions de vie. Mais le lycée doit faire plus que de ne pas pousser les jeunes gens au suicide, il doit leur procurer l’envie de vivre, soutien et point d’appui à un moment de leur vie où ils sont contraints par les conditions de leur développement de distendre leur relation à la maison parentale et à leur famille. Il est incontestable qu’il ne le fait pas et qu’en bien des points il reste en deçà de sa tâche : offrir un substitut de la famille, et éveiller l’intérêt pour la vie extérieure dans le monde. Ce n’est pas une critique du lycée dans son organisation actuelle. Me sera-t-il permis de dégager un facteur, l’école ne doit jamais oublier qu’elle a affaire à des individus immatures auxquels ne peut être dénié le droit de s’attarder dans certains stades, même fâcheux de développement, elle ne doit pas réclamer pour son compte l’inexorabilité de la vie, elle ne doit pas vouloir être plus qu’un jeu de vie.

P. Lacadée : Je vous remercie pour ce texte. L’école ne doit pas vouloir être plus qu’un jeu de vie, ça ne veut pas dire qu’il faille jouer à l’école, que l’apprentissage est un jeu. Il s’agit que l’école n’oublie pas qu’elle a à introduire du jeu dans la vie de l’esprit du sujet, qu’elle puisse dans ce temps de détachement de ce à quoi il croyait, de ce sur quoi il avait pris appui pour se construire une identité, soit sa famille, quand il en a une, la façon dont les parents l’ont accueilli, les discours qui lui ont permis d’attraper sa dimension subjective. Tâche nécessaire mais douloureuse, dit Freud : il doit se détacher de cela, à ce moment là les enseignants offrent un substitut aux parents, et les ados calculent sur les enseignants quelque chose de différent, un point d’où ils se voient différents de ce qu’ils étaient comme enfant. L’école, c’est ça qu’elle doit introduire, effectivement Freud, en grand clinicien, rappelle que le sujet a le droit, (son terme, est d’époque, stade même fâcheux de développement). Freud dit qu’il ne faut pas oublier qu’il y a au cœur de l’être humain, une zone que Lacan avait appelé la jouissance, en lisant Freud, qui fait qu’au fond, des fois le sujet ne veut pas forcément son propre bien, il peut aussi se nuire à lui-même. Ce qui est vraiment l’illustration de la clinique de l’acte.

La clinique de l’acte suicidaire, c’est au fond le sujet qui illustre qu’il ne veut pas forcément son propre bien et qu’il y aurait donc une tension pour tout sujet, entre parier pour l’idéal et cette zone obscure, cette tâche obscure qui est au cœur de l’être humain et qui est d’une étonnante actualité au moment de l’adolescence parce que cette tâche correspond à quelque chose de nouveau qui surgit à l’adolescence, dans cette scène, que rappelait Carole Dewanbrochie, l’adolescent est travaillé par ses pulsions sexuelles dont il peut avoir honte et ça peut faire tâche dans le tableau et il peut au nom de ça s’attarder dans ce stade fâcheux du développement.

Vous parliez de mon implication dans le système scolaire, à BOBIGNY, c’est une implication interdisciplinaire, puisque avec Jacques-Alain Miller et Judith Miller a été créé le Centre Interdisciplinaire sur l’enfant : le CIEN qui permet que nous puissions travailler avec des partenaires d’autres disciplines par rapport à des impasses. Comme le disait Hugo Fredda hier, ça n’est plus l’époque du malaise dans la civilisations, nous sommes plutôt dans une époque où il y a des impasses, ce qui fait que certains partenaires d’autres disciplines sont confrontés à des points d’impasse par rapport à certains comportements d’adolescents qui peuvent utiliser des provocations langagières, des gestes déplacés.

La clinique de l’acte, tel que Lacan nous a permis de déchiffrer ce qui est en jeu à ce moment là, notamment dans son séminaire auquel vous faisiez référence avec Marie-Hélène Brousse e t Carole, l’angoisse. Il nous permet de faire la différenciation entre l’acting-out et le passage à l’acte. Il se sert de cela pour lire le cas d’une jeune patiente de Freud adolescente homosexuelle, qui au fond s’affichait dans les rues de Vienne avec une dame de mauvaise réputation, comme disait Freud. Ce comportement de provocation pour alerter son père et toute cette scène organisée, Lacan le lit comme un acting-out tandis que le moment où elle croise le regard du père qui est un regard de désapprobation, la jeune fille passe à l’acte et se suicide. Il fait la différence entre le passage à l’acte qui est une sortie de la scène du monde et l’acting-out qui est quelque chose qui s’organise et qui demande qu’on puisse en dire quelque chose à l’adolescent. Dans les échanges interdisciplinaires que nous avons au Collège Pierrre Sémard à Bobigny, où nous travaillons avec les enseignants, nous les aidons en utilisant les concepts issus de la théorie analytique à faire la différenciation entre les différentes conduites de provocation d’un enfant, pour nous d’ailleurs ça n’est pas forcément le trouble du comportement qui serait produit, c’est plutôt à prendre comme une pantomime, comme si c’était un texte qu’il agissait sans forcément savoir et que l’enseignant peut l’aider à déchiffrer la part de souffrance qui est incluse dans le comportement qui l’agit à son insu.

J.M. : Vous avez cité Lacan, je vous ramène à Freud et je vous fais entendre ces propos récents de Danielle Rapopport, en mai 2006, pour le 150e anniversaire de la naissance de Freud: « Freud est présent quotidiennement, par exemple, nous accueillons un certain nombre d’adolescentes pour des tentatives de suicide, d’une façon très fréquente, la problématique sous-jacente à la tentative de suicide est une tentative de séparation mère/fille, avec des relations d’une très grande proximité, et l’adolescente tente à l’occasion d’un conflit de se séparer de sa mère. La question qui va se poser sera de réintroduire une triangulation et donc la question oedipienne est souvent là présente dans notre esprit et nous sommes souvent amené à convoquer si ce n’est le père réel, la figure paternelle qui va aider dans ce processus de séparation. Et là, c ‘est tout Freud, le complexe d’Œdipe, les relations mères-filles, père-mère-filles, père-fils, même s’il y a moins de garçons qui font des tentatives de suicide. »

J.M. : elle insiste sur l’Œdipe, on va proposer une traduction lacanienne : le Nom du père et puis tout ces avatars, le père du Nom etc…. On vit dans une époque dans laquelle on constate un déclin de la figure de l’autorité paternelle, cela intervient dans la vie psychique des jeunes.

P. Lacadée : Danielle Rappopport utilise un terme très important, celui de séparation. La difficulté de séparation entre mère et fille. On pourrait prendre la pente de penser qu’il pourrait y avoir un suicide de séparation ou pour séparation. Mais se séparer de quoi, de quoi s’agit-il de se séparer pour la jeune fille qui passe à l’acte, la tentative de suicide est toujours à prendre au sérieux, s’agit-il de se séparer de la pensée qu’elle a de sa mère, pour apparaître pour elle-même différente, et donc de trouver un autre mot lui permettant tout d’un coup de se voir différente, ce fameux « point d’où » que Lacan développait très bien dans son Séminaire des 4 concepts fondamentaux, important au moment du déclin de l’Œdipe, l’adolescent doit prendre appui sur une fonction du père, qui est une fonction de l’idéal du moi, à partir de ce point-là l’adolescent ou l’adolescente utilisait ce point d’où il se voyait aimable voire digne d’être aimé. Donc un point utilisé à partir de la fonction de l’idéal du moi, ça fait référence au 3e temps de l’Œdipe, c’est pas forcément le père qui dit non, vous parliez du père du Nom, on pourrait jouer, c’est aussi le père qui dit non. Il y a aussi, JA Miller avait fait une bonne lecture du Séminaire des Formations de l’Inconscient comme il le fait souvent d’ailleurs, il montrait l’importance du Père qui dit Oui au nouveau qui surgit, que l’adolescent porte en lui. Rimbaud appelait cela nos « souffrances modernes ». L’adolescent est toujours moderne par rapport aux pulsions qui le travaillent et qui se réactualisent dans les métamorphoses de la puberté. Quelque chose de nouveau surgit. Alors que ce qui surgit, la mère ne veut peut être pas forcément le loger, elle ne peut pas l’accepter, elle voudrait que sa fille soit toujours sa petite fille, or l’adolescente est porteuse en elle de quelque chose de nouveau qu’elle veut faire authentifier par l’Autre, que l’Autre dise oui à ce nouveau. Il y a un très bel article d’Hannah Arendt, Crise de l’éducation en 1954 ou elle disait très bien : « les adultes ne sont pas responsables du monde qu’ils offrent à l’enfant dans le sens où ils ne savent pas accepter l’élément de nouveauté que l’enfant porte en lui ». L’enfant porte en lui un élément de nouveauté quand il naît, il surgit comme quelque chose de nouveau qui n’existait pas avant lui, mais il porte aussi un autre élément de nouveauté, ce qui surgit pour lui au moment de l’adolescence, et c’est cela qui est très compliqué pour l’adolescent. C’est pour cela que la très belle phrase de Victor Hugo, éclaire la plus délicate des transitions : « le commencement d’une femme dans la fin d’un enfant ».

J.M. : dans votre livre, qui s’intitule l’éveil et l’exil, vous posez des questions, pourquoi se mettre en danger, vous y avez en partie répondu, puisque vous évoquer ces transformations constantes que l’enfant est à lui-même, alors ce corps, le corps qui pousse, qui change est-il le lieu de l’identité ?

P. Lacadée : Il y a quelque chose qui surgit de particulier dans cette délicate transition, c’est la dimension du corps, la psychanalyse on dit c’est la parole, oui mais c’est une parole en tant qu’elle est supportée par un corps et comme le dit Lacan : « un corps, ça se jouit ». Et dans cette transition, quelque chose surgit dans ce lieu du corps, un élément de nouveauté, c’est très bien décrit par Robert Musil en 1906, qui nous donne une véritable leçon clinique dans le désarroi de l’élève Törless, comment l’élément sexuel rentre dans les pensées de l’élève Törless, comment tout d’un coup, en écoutant un camarade parler de son père, du coup son père lui apparaît bizarre aussi, mais surtout c’est les mouvements de mains de son camarade et il en éprouve un frisson de dégoût, dans son corps, ça démontre bien comment le corps est le lieu d’un éprouvé de jouissance, ce frisson de dégoût qui lui arrive là comme un événement dans le corps, il le dit très bien, il ne peut pas le traduire en mots, et alors lui arrive la solution de l’insulte ou du blasphème. Musil décrit ce désarroi, désaroyer, ça veut dire sans Autre, c’est le moment où l’adolescent est en difficulté pour traduire en mots son excédent de sensualité et à ce moment là, c’et pour cela que la psychanalyse est une chance pour les adolescents, on dit qu’ils ne parlent pas, c’est pas vrai, il suffit de savoir un peu les approcher, les apprivoiser, mais ils ont beaucoup de choses à dire, à condition qu’on sache entendre ce qui s’agite en eux et ils sont très sensibles à cela.

J.M. : De la psychanalyse comme l’une des voix possibles pour approcher l’art de l’insulte chez les adolescents comme une parole

Voici vagabond, le texte des illuminations d’Arthur Rimbaud
:
Pitoyable frère, que d’atroces veillées je lui dû
Je ne me saisissais pas de cette entreprise
Je m’étais joué de son infirmité,
Par ma faute, nous retournerions en esclavage, en exil,
Il me supposait un guignon et une innocence très bizarre
Et il ajoutait des raisons inquiétantes, je répondais en ricanant à ce satanique docteur et finissait par gagner la fenêtre, je créais par delà la campagne traversée par des bandes de musique rare les fantômes du futur luxe nocturne
Après cette distraction vaguement hygiénique, je m’étendais sur une paillasse et presque chaque nuit aussitôt endormi, mon pauvre frère se levait, la bouche pourrie, les yeux arrachés tels qu’il se rêvait et me tirait dans la salle en hurlant son songe de chagrin idiot. J’avais en effet en toute sincérité d’esprit pris l’engagement de le rendre à son état primitif de fils du soleil et nous errions nourris du vin des cavernes et du biscuit de la route, moi pressé de trouver le lieu et la formule. »

J.M. : Rimbaud, une figure symbolique de la modernité, travaillé par sa jeunesse

P. Lacadé ; absolument. Moi pressé de trouver le lieu et la formule, c’est la phrase paradigmatique de ce qui est en jeu dans ce moment de l’adolescence. Ce sujet pressé par la pulsion par ce qui gîte en lui et l’agite , pressé de trouver le lieu et la formule, le lieu où il pourra dire quelque chose pour attraper la formule de son existence. Je trouve intéressant que Rimbaud fasse référence à errer, car ces moments de fugue et d’errance au moment de l’adolescence sont importants. Lacan faisait référence dans les Noms d u-père à l’errance, il faisait remarquer qu’elle avait davantage à voir avec l’étymologie iterare, qui ne veut pas dire voyager, mais répéter, par sa fugue, le sujet répète quelque chose de sa jouissance parce qu’il n’arrive pas à trouver la formule, le mot qui l’en séparera, le mot qui lui permette de se séparer de la pensée qui lui prenait la tête, sans forcément avoir à marcher. « Je dû marcher pour distraire les pensées assemblées sur mon cerveau. ». C’est faux de dire je penses, on devrait dire : on me pense, il décrit par moment comment une pensée peut s’imposer dans la tête d’un jeune et que parfois pour s’en séparer, il peut ne pas hésiter à passer à l’acte. C’est pourquoi, il faut leur offrir des lieux de conversations où ils puissent attraper dans la conversation, une transition, -la transition est d’ailleurs une figure de rhétorique- qui permet de passer d’un mot à un autre, et quand vous passez d’un mot à un autre, l’énoncé qui vous prenait la tête permet de se séparer de la valeur de jouissance nocive qui vous assignait à résidence, vous faisait ruminer. Je voudrais terminer sur l’importance que Rimbaud accorde à la fenêtre, les ados pensent que la vraie vie est ailleurs, qu’il faut sortir et par le biais de la fenêtre, il situe comment par rapport au satanique docteur qui voulait s’occuper de sa santé (c’est sa mère, que Rimbaud appelait la bouche d’ombre qui le voulait), vous voyez alors comment c’est par la fenêtre qu’il attrapait la lumière de sa vie qui lui permettait de se projeter ailleurs, ce fameux point d’où, il se voyait ailleurs que d’être toujours pris dans la bouche d’ombre que pouvait incarner sa mère.

8 sept. 20006

Notre sujet supposé savoir - Ses incidences cliniques...

Modalités cliniques du sujet supposé savoir
Jeudi 13 septembre 2007
Invités : Hélène Bonnaud & Francesca Biagi‐Chai

Peut‐on repérer une spécificité du sujet supposé savoir dans les différentes structures cliniques ?
Si on relit les cas princeps de Freud, on ne peut manquer d’être frappé par un point commun concernant une modalité de ce sujet supposé savoir : le livre. Chez Dora, le dictionnaire du deuxième rêve contiendrait tout le savoir sur la féminité. L’homme aux rats va consulter l’auteur du livre qu’il vient de lire, Psychopathologie de la vie quotidienne, qui lui fait penser que Freud sera l’homme qui pourra résoudre ses obsessions. Quant à Schreber, il est lui‐même l’auteur d’un livre où il inscrit un savoir qui témoigne de son expérience délirante. Trois livres, trois versions du sujet supposé savoir, trois positions subjectives. Le livre qu’on rêve de lire, le livre déjà lu et le livre qu’on écrit. Un livre qui survient pendant l’analyse, un livre qui précède l’analyse, et un livre qui ne laisse pas de place à un analyste.
À partir de deux exposés consacrés à ces structures cliniques, nous essaierons de dégager la place du sujet supposé savoir et sa spécificité dans ces structures. Hélène Bonnaud nous parlera de l’hystérie à partir du cas Dora et Francesca Biagi‐Chai s’interrogera sur la mise en place du transfert dans la psychose à partir du maniement du sujet supposé savoir.
Pascal Pernot animera la soirée. Annie Dray‐Stauffer et Thierry Jacquemin seront les discutants.

Cette soirée de L’Envers de Paris aura lieu au 31, rue de Navarin 75009 Paris à 21h15
Soirée Préparatoire aux Journées de l’École organisée par L’Envers de Paris

Décomplexion, modes d'emploi

Par Pierre MARCELLE
mardi 29 mai 2007
Guy Môquet, une hypothèse
Pourquoi Guy Môquet ? Pourquoi, après les figures de la social-démocratie que furent Jean Jaurès et Léon Blum, fallait-il que le bondissant président aspirât celle du mythique «jeune résistant communiste» ? La question taraude. Telle qu'énoncée au jour de l'investiture de Sarkozy, lors de la cérémonie du bois de Boulogne, elle s'enduisait d'une nouvelle couche d'opacité. Rappelons donc aux jeunes générations que Guy Môquet ne fut pas exécuté le 16 août 1944 ­ tandis que Paris brûlait ­ avec une quarantaine de jeunes gens devant la cascade du bois où une stèle célèbre leur mémoire, mais le 22 octobre 1941 à Châteaubriant, où il était incarcéré depuis un an environ. En s'engageant à 16 ans contre la défaite et la collaboration, Môquet résistait. Mais, depuis août 1939 et la signature du pacte de non-agression entre l'URSS stalinienne et l'Allemagne nazie, l'appareil de son parti ne résistait guère. Quand Guy Môquet est arrêté à Paris le 13 octobre 1940, il n'est pas «dans la ligne». Quand, un an plus tard, il est fusillé, il est un héros communiste. C'est qu'entre-temps, lançant contre l'URSS l'offensive de juin 1941, Hitler avait jeté le PCF dans la Résistance.
A cet endroit, il faut constater que Guy Môquet fait pour le pays un bel exemple, et pour le parti un martyr exemplaire. Après Guy Môquet, oubliés Pétain, Vichy et la collaboration, et oublié le pacte germano-soviétique... Ainsi s'érigea, sur son cadavre infiniment consensuel, la légende radieuse d'une résistance nationale prématurée ; ainsi s'écrivit, sous les plumes alternées de Maurice Druon et de Louis Aragon, la version officielle d'une geste héroïque dont le patriotisme constituait le plus commun dénominateur. Celle-là même que, contre toutes évidences, le gaullisme perpétua un demi-siècle durant. Celle que Jacques Chirac, en son discours du 16 juillet 1995 (dit du «Vél'd'Hiv» ­ ce qu'il fit de mieux) ébranla, en rétablissant, pour l'Histoire, la complicité de l'Etat français dans le génocide des Juifs. Celle enfin, que Nicolas Sarkozy semble réhabiliter sans vergogne, sans chagrin et sans pitié.
Car c'est bien de lui que nous revient soudain en mémoire (tiens, tiens...) le propos de campagne selon lequel «la France n'a pas inventé la solution finale» (Se souvenir ici qu'à la Libération, l'Huma titra en une : «A chacun son boche !» ).
Venant d'un homme qui évoque avec une inconscience ou une complaisance inouïe son «sang mêlé», et, à travers l'anecdotique Arno Klarsfeld, instrumentalise de même la mémoire des déportés, l'exercice passerait pour baroque, s'il n'était si douloureusement démagogique. Pour la lettre ultime de l'adolescent Guy Môquet saluant ses parents chéris à l'heure de sa mort, sa charge émotionnelle la laisse rétive à la pédagogie, et illisible au-delà de sa paraphrase. Sauf bien sûr à prétendre faire de la valeur famille, après celles du travail et de la patrie, un autre pilier d'un sarkozysme définitivement «décomplexé».

Guy Môquet revu et corrigé

La lettre qui doit être lue aux lycéens n’évoque ni l’engagement du résistant ni le contexte historique.
Par Pierre Schill, professeur d’histoire-géographie à Montpellier, Membre du comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH)
mardi 11 septembre 2007
Le 18 mars 2007 au Zénith de Paris, le candidat Sarkozy déclarait : « Je veux dire que cette lettre de Guy Môquet, elle devrait être lue à tous les lycéens de France, non comme la lettre d’un jeune communiste, mais comme celle d’un jeune Français faisant à la France et à la liberté l’offrande de sa vie, comme celle d’un fils qui regarde en face sa propre mort.» Xavier Darcos vient d’annoncer que la lettre sera lue le 22 octobre dans tous les lycées de France.
La lecture se fera au matin du 22 octobre, au moment où le Président commémorera lui-même la mort de Guy Môquet : la lecture pourra se faire en classe ou en groupe, sans qu’aucune indication de durée ne soit apportée. Elle pourra être faite par un ancien résistant, mais aussi par «toute personnalité dont l’engagement, le rayonnement ou la notoriété pourraient sensibiliser les élèves». Au pire, la lecture sera réalisée par un enseignant qui aura cours par hasard à ce moment-là. Et un haut cadre du ministère de l’Education nationale de penser que «cette lecture ne devait pas être réservée aux professeurs d’histoire-géographie», une manière d’avouer que ce n’est pas l’analyse critique et la mise en perspective qui importent ici, mais plutôt le pathos et une forme de «communion» avec le Président.
Les images seront belles au journal de 20 heures : les larmes du Président, puis celles que ne manqueront pas de filmer les caméras sur les visages des lycéens partout en France. Il s’agira grâce à cette «lettre poignante» de mettre en scène une mort édifiante pour notre jeunesse, de parler «sacrifice», «offrande», «amour», mais non de revenir sur les raisons de cette mort en disant que Guy Môquet et ses vingt-six camarades ont d’abord été désignés aux Allemands comme «communistes». Un «gros mot» que la circulaire ministérielle évite soigneusement : reprenant la présentation de la lettre proposée dans l’ouvrage de Guy Krivopissko (la Vie à en mourir. Lettres de fusillés 1941-1944), elle «l’allège» de presque toutes les indications signalant l’engagement politique du jeune Guy, de son père et des autres otages de Châteaubriant.
Le message présidentiel est clair : «J’accorde à l’amour de la patrie plus de valeur qu’au patriotisme de parti.» Les lycéens ne sauront donc pas que cette formule n’a guère de sens, car, si le patriotisme fournit un cadre moral de référence, il ne signifie pas une ligne de conduite unique : les collaborateurs ou les pétainistes l’étaient aussi par «amour de la patrie». Et ce qui explique le «patriotisme» de Guy Môquet, c’est bien son parcours antérieur à la défaite, et donc son engagement communiste, qui conduit à son «entrée en résistance».
Si Nicolas Sarkozy semble voir une incompatibilité de nature entre amour de la patrie et engagement politique, Marc Bloch, dans l’Etrange Défaite, témoignait : «Je n’ai jamais cru qu’aimer sa patrie empêchât d’aimer ses enfants ; je n’aperçois point davantage que l’internationalisme de l’esprit ou de la classe soit irréconciliable avec le culte de la patrie […].. C’est un pauvre cœur que celui auquel on interdit de renfermer plus d’une tendresse.»
Le patriotisme fut en effet le creuset où tous les engagements ont pu se fondre, des personnalités très dissemblables se rejoindre et ainsi l’unité de la Résistance s’affirmer, sans que pour cela il fut nécessaire de nier une autre « tendresse », chrétienne… ou communiste .Une négation du choix politique du jeune Guy qui apparaît jusque dans l’intitulé de la cérémonie gouvernementale, «commémoration du souvenir de Guy Môquet et de ses vingt-six compagnons fusillés», alors que le condamné écrivait dans son dernier billet à Odette Leclan : «Je vais mourir avec mes vingt-six camarades.» Pourquoi remplacer le «camarade» des communistes par le «compagnon» des gaullistes ?
La lecture de ces lettres à caractère privé n’est légitime que si l’on ne passe pas sous silence le sens de la vie et de la mort : « Pour les résistants, la mort, mêlée à l’espérance, est une attente qui […] renvoie en permanence à la conscience de leur choix.» (Pierre Laborie, notice «Mort», page 957, dans le Dictionnaire historique de la Résistance.)
Refuser de lire Guy Môquet dans le cadre imposé par les contingences politiques du Président et continuer d’analyser des lettres de résistants dans le cadre du programme d’histoire ou du concours national de la Résistance et de la déportation, c’est suivre Condorcet : «Je préfère leur histoire plutôt que leur éloge ; car on ne doit aux morts que ce qui est utile aux vivants : la vérité et la justice.»
C’est bien ce que nous devons à Guy Môquet, à la Résistance et à nos élèves.

Moi j’ai dit bizarre, bizarre, comme c’est étrange

Je vis dans un monde civilisé
Moi, j’dis dans un monde d’étrangeté,
Dans cette actualité où l’étranger n’a pas l’droit d’cité
J’trouve ça étrange, j’suis étonnée
Qu’on laisse pas d’place à la singularité.

Le monde change, j’le trouve étrange
La corruption, l’hypocrisies c’est les démons et les anges,
La misère et l’exclusion, c’est pour ceux qui dérangent
C’est bizarre, quel étrange mélange.

On s’technoïse, on s’parle plus alors on s’bat,
Y’a plus d’mots, on peut même plus dire j’sais pas,
J’ai entendu dire qu’un maire n’acceptait pas ça
Bizarre, étrange, je vous l’demande : où on va ?

Etranger, t’es hors jeu, hors communauté,
Etranger, t’es pas beau, tu pues, t’es sans papiers,
Etranger, t’es sans boulot, sans toit, t’es à éliminer,
Etrangement, sans résistance, on va de ce côté.

Etrange ce monde où s’installe, banale, la violence,
Etrange ces flics qui violent avec aisance, avec suffisance
Etrange cet ordinaire de coups et d’innocence,
Etrange ces anges noirs qui mènent parfois la danse.

Faire tomber l’attente que l’on a de l’autre, c’est l’étrangeté
L’étrangeté, c’est l’autre dans son animalité,
C’est pas moi, noyé, aveuglé par ma normalité
C’est l’étranger qu’a refusé de se normosé.

Etrangement, je découvre l’étranger
Que je suis à moi-même et que j’ai apprivoisé
Pourtant, ça me dérange, ça me démange de l’avouer,
C’est mon étrangeté que je crains, mes étranges pensées.

Quel pont vais-je pouvoir construire ?
Pour traverser la rive, pour ne pas fuir
Pour rencontrer l’altérité et peut être produire
Non plus la haine, la violence mais des mots pour le dire.

Estelle
Le 07 septembre 2007

jeudi 30 août 2007

CA Y EST, MON CHOIX EST FAIT

Ca y est, mon choix est fait,
C’est ma solution pour avancer,
Ces années m’ont appris à parler,
Et maintenant, j’veux écrire mes pensées.

La vie, c’est comme ça, ‘faut avancer,
Qu’on ai rien eu, qu’on nous ai tout donné
A chacun de vivre, survivre et inventer,
La roue, elle s’arrêt’ra pas d’tourner.

Les moyens de lutte peuvent être secrets
Et les secrets peuvent être partagés.
Maintenant, j’ai choisi de démarrer,
Ma vie, j’veux pas la brûler.

Y’a la joie, y’a la haine, on est tous un peu toqués
Quoiqu’on fasse, d’t’façon rien n’est gagné
Y’a une chose pour laquelle je veux lutter,
C’qu’on peut pas m’enlever, c’est ma liberté.

Estelle Gehle

LA QUESTION DES EFFETS.

C’est quand même fou l’effet
L’effet que ça fait
De se sentir libéré de ses efforts
De ses effets d’ effondrement
De ces effractions effrayantes
De s’efforcer de façon fracassante et inefficace.

C’est quand même fou l’effet
L’effet que ça fait
D’avoir effectué pendant toutes ces années
Ces effacements, ces déplacements de l’angoisse, de l’agonie.
D’avoir osé toucher à ces effleurements de la féminité
Ces subtils effleurages de la femme parfumée.

C’est quand même fou l’effet
L’effet que ça fait
D’éfaufiler lentement ces ombres afférentes
Ces questions farfelues
Questions d’effets, désirs affriolants,
Affaires familières et fameuses.

C’est quand même fou l’effet
L’effet que ça fait
Ce désir qui vient farouchement
Comme les pétales s’effeuillent doucement
Pour laisser s’ouvrir l’effusion du bonheur.
Puis il s’ouvre effrontément
Il avance moins effarouchement.

C’est quand même fou l’effet,
L’effet que ça fait
Quand le désir produit ses effets
Et offre à respirer l’effluve de la floraison.

Estelle Gehle

Et ma vie re … commença

Au commencement, comme tout le monde, je suis née.
J'ai grandi, dans ma famille, avec mes parents et mon frère, à côté.
J'ai, comme tout l'monde, pas eu c'que j'voulais.
C'est pas une raison pour arrêter ni pour céder.
Ca dépend de moi et de c'que j'en fais.
La vie, c'est pas un truc pour tricher,
On n'en n'a qu'une, on peut la rêver
On peut aussi la r' gretter, se désespérer.
J'en n'ai qu'une et j'veux pas passer à côté.
Pendant des années, j'me suis fait psychanalysée.
maintenant, c'est bon, j'crois qu' j'ai réalisé.
Y'aura toujours des bons et des mauvais côtés
C'est à moi d'appendre à naviguer.
Puis y'a les autres qui m'ont longtemps effrayés,
Maint'nant, c'que j'veux, c'est les rencontrer.
Quand ça va pas, pouvoir écouter et parler,Quand ça va mieux, pouvoir dire et aider.
J'me d'mandais pourquoi j'aime les rimes en -é- ?
J'crois qu'c'est parce que ça m'fait penser à la gaité
Et puis à réaliser et à liberté.C'est par les prénoms qu' j' l' ai réalisé.
Y'a eu Françoise à qui j'ai parlé en premier,
Y'a eu François avec qui j'ai pu discuter,
Y'a eu et y'a Philippe que j'aime aimer,
Y'a mes amis à qui je peux me confier,
Y'a mes amis avec lesquels je peux converser
Y 'a ces nouvelles rencontres avec lesquelles je peux avancer.
Mon histoire de petite fille maintenant, c'est du passé
J'ai une fille, elle a besoin d'être guidée,
Comme son père elle a besoin d'être aimée.
Y'a fallu du temps pour m'autoriser
Y'a fallu du temps pour que j'trouve mon identité
A présent, Estelle, j'peux me nommer,
J'ai retouvé le goût de m'exprimer,
Et celui de m'amuser, de rire et d'inventer
Et j'ai bien envie de le partager.
Mes désirs sont de nouveaux animés,
Les mauvais moments s'ront plus faciles à affronter.
Y'a Roseline qui, sans l'savoir, m'a indiquée,
Le chemin de l'écriture et l'envie de slamer.
Ca claque, ça parle et ça fait bouger, c'est bon, ça s'déplace, ça a des effets.
La psycha, c'est plus pour ma vie privée,
La psycha maintenant, ça va m'orienter
En continuant, j'restais droguée, bloquée.
J'ai grandi, maint'nant, j'veux essayer
Et si j'suis pas d'accord, j'dirai les mots engagés.
Les lois de la parole ont attisé ma curiosité
A moi de les exploiter, de perséverer.
J'ai envie d'aller plus loin, j'suis intéressée.
J'veux continuer ma route, sillonner
Avec les aléas de la vie, me débrouiller.
Quand j's'rai vieille, j'prendrai une canne pour marcher,
Pour le moment, je tiens, je veux marcher
Et aussi inviter, inventer, adresser, imaginer,
Je veux vivre et en névrosée
Que je suis c'est avec moins de mal que je le resterai
Puisqu'à présent, je me suis rencontrée
Puisque maintenant, j'ai lu l'histoire qu'on m'avait racontée,
Puis que maintenant, ma vie, j'en fais ma traversée.
A moi de les exploiter, de perséverer.
J'ai envie d'aller plus loin, j'suis intéressée.
J'veux continuer ma route, sillonner
Avec les aléas de la vie, me débrouiller.
Quand j's'rai vieille, j'prendrai une canne pour marcher,
Pour le moment, je tiens, je veux marcher
Et aussi inviter, inventer, adresser, imaginer,
Je veux vivre et en névrosée
Que je suis c'est avec moins de mal que je le resterai
Puisqu'à présent, je me suis rencontrée
Puisque maintenant, j'ai lu l'histoire qu'on m'avait racontée,
Puis que maintenant, ma vie, j'en fais ma traversée.
Estelle Gehle

mardi 26 juin 2007

Une série de documentaires sur la folie ordinaire proposée par Arte Radio

Dernier épisode en date : « Je suis venu pour oublier ! »

Aux urgences psychiatriques de l'hôpital Sainte-Anne (CPOA). De la salle d'attente aux couloirs, des infirmiers au psychiatre, un service tente d'endiguer les crises ordinaires. Fil rouge : Rémi, un architecte venu de province et trouvé nu dans la rue. Un cas bouleversant de «voyage pathologique».

PSY5 : Un son de Claire Hauter à écouter sur Arte Radio pour faire ce voyage aux urgences psychiatriques.
Durée 39 minutes 51.

http://www.arteradio.com/son.html?24161 (puis cliquez sur « Ecouter »)

ou
http://www.arteradio.com/tuner.html (en date du 13.06.2007)

Les 4 épisodes précédents trouvés dans la rubrique « Archives » :

PSY4 : http://www.arteradio.com/son.html?24064 « Malade de chez malade » - 12min10
Face au psychanalyste, trois patients schizophrènes échangent en liberté sur leur maladie, dans une joute verbale hilarante et terrible. Enumérations de médicaments, de psys rencontrés… Un air de Beckett ou de Ionesco pour une scène authentique : la folie racontée par ceux qui la vivent.

PSY3 : http://www.arteradio.com/son.html?24113 « J’ai jamais aimé être aimé » - 18min02
Fils d'une mère maniaco-dépressive, Bruno a accumulé les crises et les galères. A travers son récit chez le psychanalyste émerge un panorama troublant de notre société. L'histoire de Bruno est aussi l'histoire d'une économie libérale devenue folle.Une série documentaire sur l'ordinaire de la folie (3).

PSY2 : http://www.arteradio.com/son.html?24112 « Comment ça va, vous ? » - 12min
Bertrand vient à son rendez-vous chez le psychanalyste. Il trouve qu'il fait sombre dans la pièce. Bertrand est schizophrène. "Psychoses", une série documentaire sur l'ordinaire de la folie.

PSY1 : http://www.arteradio.com/son.html?24111 « L’esprit était dans l’air » - 17min09
Chaleureuse, cultivée, marrante, Agathe a 27 ans et souffre de délires schizophrènes. Lors de son rendez-vous chez le psy, elle raconte les voix dans sa tête, mais aussi ses lectures et sa vie "normale". Agathe nous ressemble. Une série documentaire sur l'ordinaire de la folie.