vendredi 9 février 2007

La reprise

Gaëtan C.

C’est bien d’accueillir des nouveaux. Grâce aux modalités que propose le Cien, notamment dans son aspect inter et transdisciplinaire, ils n’en savent pas moins que les anciens ! L’accrochage frise l’immédiateté. Il ne reste plus qu’à en dire.
Le Cien la petite bête qui monte ? A entendre toutes ces raisons évoquées (en direct de chez l’habitant, on ne peut pas être davantage sur le terrain !) mardi 05 septembre, le Cien est la plus grande respiration du monde laborieux dans les domaines du social (éducateurs, formateurs, assistante sociale), de l’éducatif (instituteurs, enseignants), de la prise en charge psy (psychologue en CMP ou CMPP, psychanalyste) et désormais de la prise en charge de la maladie mental (grave) puisque nous accueillons un psychiatre, et d’où la souffrance qui survient des sujets en demande, refuse d’être dictée, vécue sous une loi nouvelle prescrite. C’est pour cela que j’ai toujours considéré cet espace d’échange, nouveaux et original, comme une forme de résistance. Le Cien ne naît pas de rien mais je parle de résistance parce qu’il l’est devenu par la force des choses, peut-être malgré lui, en réaction à des discours précis, enfermants véhiculant des signifiants autant indigestes (du protocole à l’évaluation, de la gouvernance à la nouvelle prévoyance…) que construits pour balayer l’existant. Résistance enfin car cette politique du protocole et de l’évaluation est mise en place dans le but explicitement avancé de lisibilité et de clarté qui ne peut plus cacher l’idée de contrôle des masses. En ce sens, La singularité du sujet est systématiquement ramenée à un pourcentage censé définir La Normalité.

De justesse éviter la case,
S’échapper d’une courbe folle
Fuir un pourcentage tragique
Pénétrer ce maquis d’herbes hautes
Fier d’affoler la statistique


Je tiens aussi à ce que l’institution ne soit pas la figure responsable de tous nos maux, l’âne de service qui concentrerait toutes les critiques (je rappelle que certaines personnes, au moins une, s’en sont allées à cause de l’illusion de cette dérive), elle est également ce qu’on choisi d’en faire. Même si c’est plus dur en ce moment (rapport de l’Inserm, Benisti sur la prévention de la délinquance, certains livres jouent leur place aux échecs : sûr que le blanc le noir ne sont pas roses !). Dans tous ces remous de rentrée, c’est surtout la psychanalyse, dans la possibilité de son acte de dire en privé (sous-entendu loin de tous micros déformants) qui fait les frais d’une politique du pire, une politique qui, bizarrement, en se désagrégeant se durcie.

Les marchands de sable bétonnent
Chroniques d’un assèchement des modalités de la jouissance
Les orifices ne font plus trou


En cela le Cien n’est pas a priori un lieu de révolte, encore moins d’anarchie, il s’agit simplement d’un champ de force qui maintient cet espace d’une parole qui ne sera pas jugée, ou rompue à un rapport d’évaluation, ce qui tend à être le cas dans d’autres lieux. Un lieu où par exemple, comme le souligne Philippe Lacadée, l’adolescent peut traduire en mot son excédent de sensualité. Ainsi pour ne pas en faire un rapport moi-même, je m’arrête sur ce point en vous donnant quelques-unes des raisons, attrapées au vol, que nous avons avancé mardi ; le Cien c’est vrac et entre autres : « un autre discours », « un autre regard », « une résistance en acte », « aller à l’essentiel », « une idée de transdisciplinarité », « une qualité d’écoute », « pas des idées toutes faites », « un regard clinique », « dire des choses que je ne peux pas dire ailleurs », « re-définir la clinique », « une posture par rapport à des impasses », « créer », « je m’y sens bien », « des questions et m’autoriser à inventer des choses », « rencontrer la part d’imaginaire qu’on projette sur les autres », « c’est coloré, c’est des masques…à soulever, faut que ça brasse », « richesses des échanges et la possibilité de réinjecter cette richesse ailleurs ». J’ajoute l’idée du corps ; c’est peut-être pour cela que plusieurs professeurs d’éducation physique et sportive font présence.

Se soutenir d’un lien vivant
L’école des corps qui palpitent
Les corps décollent de leur pesant

Résistance encore, en voilà une qui fait école car sans cet acte-là les futurs psychanalystes devraient se fendre d’un cursus (de plus) pour pouvoir en faire un métier, ce que les psychothérapeutes en devenir vont devoir affronter (cf http://www.psychologues.org ).

Pour lancer ce thème de l’adolescence par l’adolescente, que dire de ce hasard d’une intervention de Philippe Lacadée sur France culture, ce vendredi 08 septembre à 11H00 dans les « chemins de la connaissance » (le lien, cliquez sur écouter : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/chemins ou la transcription de Françoise). En plus d’introduire les champs d’action du Cien (joli coup de pub bien placé) à travers les régions, il introduit cette « plus délicate des transitions » (V. Hugo) en faisant une lecture clinique du franchissement, du passage à l’acte d’un adolescent qui ne peut plus faire autrement.

L’inconditionnel envers du rite
Un adolescent s’effondre, cherche ses jambes
Puis prend son risque de vivre parmi les Noms


Si l’adolescent peut se laisser enfermer dans un enclos de jouissance, il faut chacun dans nos professions, par un effet de cadre, lui rendre possible une « nouvelle combinatoire symbolique » (Lacan) ou une « signifiantisation » (Jacques Alain Miller). Car ce qui nous attend cette année, si nous choisissons ce thème, c’est bien la question de savoir comment l’aider à quitter sa position de jouissance perpétuelle pour qu’il entre dans le symbolique. Car comme le rappelle Joseph Rossetto (principal de collège à Bobigny) : « ceux qui vont le plus mal sont ceux qui font silence ». Et ce qui est vraiment « délicat » dans la transition c’est l’angoisse pour l’adolescent du gouffre d’effondrement c’est-à-dire qu’il parvienne à traiter son idéal dans l’impasse de l’autre, qu’il se désaliène des signifiants qui le font souffrir, qu’il fasse cet effort d’habiter la langue et qu’apparaisse la possibilité d’une triangulation à travers le Nom-du-père. Vaste programme !

Avant d’aller me replonger dans quelques textes d’Arthur Rimbaud pour préparer ce retour à l’adolescence, je vous laisse avec ce lien là : http://ecole-du-lien.blogspot.com

Gaëtan

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