vendredi 9 février 2007

Rencontre avec Claire TALEBIAN

le jeudi 11 mai 2006 à L’Autre Rive.

Claire Talébian est invitée par le groupe CEREDA (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Enfant dans le Discours Analytique) « La cigogne », elle-même faisant partie du groupe CEREDA « Stephen Deladus » de Nantes.
Elle anime la conférence – débat autour de la question de l’autorité.

Voici quelques notes que j’ai tenté de prendre, tout en écoutant, et que je vous transmets.

Claire Talébian aborde la question de l’autorité dans la prise de parole des hommes politiques, les mesures coercitives qu’ils établissent et elle souligne que les conséquences de leurs actes engagent les jeunes à poser des actes, eux aussi, et à en poser davantage.
Elle note l’importance pour la psychanalyse de sortir de sa réserve, non pour se montrer comme experte, ni au lieu de ceux qui sont appelés à restaurer un mythe (le père, la religion...) mais pour s’interroger sur le sujet et sur le sujet dans sa jouissance.
Elle pose la question suivante :
Comment les jeunes peuvent ils encore se servir de cette langue alors qu’on les assigne à une place de manière scientifique et prédictive, comme un effet de bâillon ?
Cette question émane d’une réflexion autour des rapports dans lesquels les sujets n’ont plus et ne peuvent plus trouver leur place.
C . Talébian se demande à quel titre la psychanalyse peut s’autoriser d’un fait de société ? Qu’est ce que les psychanalystes ont à en dire ? Que peuvent ils transmettre ? Elle avance le fait qu’on ne peut pas amener que l’analyse, il faut se prononcer.
Elle souligne la distinction entre la psychologie qui sait ce qui est bon pour le sujet et la psychanalyse qui pense que le savoir est du côté du sujet et de se demander sur ce qui va autoriser le sujet à inventer pour aller à contre sens de l’autorité autoritaire.
Elle parle de l’autorité abordée par Lacan dans son livre « Des Noms –du-Père » et elle interroge sur ce qu’il en est de la fonction paternelle dans la famille moderne.
Face à l’autorité, de quelle façon le sujet va-t-il y faire avec son désir ?
Face à ce père, cet homme, ce désir qui vient de l’Autre, comment va-t-il s’y prendre ?
C.Talébian propose de penser l’autorité avec l’appui du manque, de la castration, du langage. Pour parler, dit-elle, il faut accepter de s’aider sue quelque chose qui a trait au langage ; elle fait alors référence à la lalangue de Lacan, on ne peut penser la langue sans l’appui du monde.
Quel usage le sujet va-t-il faire de ce qui ne peut se dire ?
Elle rappelle que pour le sens commun, l’autorité, c’est le cri, la grosse voix.
Or, si l’on oublie la faille qui fait autorité, c’est là, en effet, qu’arrive le Surmoi féroce.
En référence à Lacan et à Arendt, elle souligne que l’Autorité ne peut venir de l’extérieur. Car, ce qui fait autorité, c’est d’abord ce qui est rapporté par une parole, quand l’enseignement s’appui sur un désir décidé.
L’autorité authentique serait du côté de l’ordre mais pas sans orientation alors que l’autorité autoritaire imposera un « c’est comme ça » et pas davantage d’explication et/ou d’orientation. Il y a eu un débat à ce moment là, tout le monde n’était pas forcément d’accord et certains de maintenir qu’un « c’est comme ça « devait faire autorité.
Claire Talébian se demande quel type d’autorité on peut penser en ce qui concerne les personnes en souffrance dans le mode moderne ?
Elle évoque l’autorité de la langue et remarque que, au quotidien, nous nous retrouvons confrontés à l’annulation du transfert, et que c’est une vaste entreprise de parler de tout, de tout dire. Ceci est d’autant plus difficile que l’homme moderne a pour objectif de faire taire le symptôme en faisant parler à tout prix.
Par ailleurs, le discours actuel dit « sur » plutôt qu’il n’ »adresse à », il déshumanise, mais est ce pour autant accepté par le sujet ?
En parlant du Surmoi, C.Talébian convoque l’amour de l’autorité. Elle fait référence au « Discours de la servitude volontaire « de La Boétie dans lequel il développe l’idée de la puissance du tyran et qu’il n’en n’a que parce qu’on lui donne.
Pourquoi l’homme ne veut il pas de sa liberté ? Parce qu’il doit assumer son désir.
La conférence enchaîne sur la question de la victimisation. L’invitée met en lumière la logique financière qui se met de plus en plus en place, la délation, la dénonciation de l’autre qui fait mal, qui fait du mal. Plus on avance et plus il existe une inflation des lois et plus on constate une recrudescence de figures d’exceptions. Cependant, auparavant, c’était le père qui faisait figure d’exception, actuellement, c’est la victime qui occupe cette place, à l’instar de la personne alcoolique, adoptée… C’est à cet endroit que la psychanalyse peut intervenir selon C.Talébian pour que la personne subjectivise ce qui lui arrive. Sans quoi, plus on est victime (de stress, de TOC, de TOP …) et plus accepte et plus demande une indemnisation plutôt qu’une subjectivisation. En référence, elle parle du rapport e l’INSERM qui, pour soigner les troubles propose des compléments d’aliments, des thalasso… pour guérir ou aller mieux dans le mieux être.
On devient malade et victime d’initiales et cela ne dit rien.
L’autorité interdit et pourtant, elle autorise dans la subversion de la créativité.

Finalement, C.Talébian présente un ouvrage destinés aux enfants : « Interdit/Tolérer » d’Alain le Saux aux Editions Rivages.
Elle conclue sur le fait qu’une loi peut être établie mais qu’elle soit donnée de façon à ce qu’elle nous révèle à nous-mêmes. Ceci pour éviter le discours dictatorial. Alors, on peut passer par la subversion, laisser la place au oui, au non, au sens, au non sens ou à un autre sens.
Et de terminer en se demandant pourquoi nous restons sourds à ce qui se dit alors que c’est avec la parole qu’on se débrouille avec le lien social ?

Estelle

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