vendredi 30 novembre 2007

Petite piqûre de rappel : nous nous retrouvons mardi prochain le mardi 4 décembre à 20h30 pour le travail du Cien.
Nous échangerons sur ce que nous avons vu et entendu dans la semaine du festival "La tête ailleurs", sur le forum de samedi dernier initié par Jacques Alain Miller, sur les explosions et aspérités du présent.
Puis quelques uns pourront évoquer ce qui fait point de butée dans les rencontres au travail.

Le jeudi 6 décembre à 18h à l'Autre Rive, Marie Darrieussecq lira des extraits de son livre : Tom est mort Ce sera l'occasion aussi de parler avec elle du droit des écrivains à aborder le sujet de leur choix.
Nous disposons pour le jeudi 13 décembre à partir de 18h d'une salle à Lillebonne pour la rencontre avec Noëlle de Smet, nous verrons qui peut venir et ce que nous prévoyons pour ce temps.
A bientôt et bonne fin de semaine
Marie-Odile

mercredi 28 novembre 2007

Sauvons la clinique

A la suite de la mobilisation à laquelle a donné lieu la pétition « Sauvons la clinique » (7563 signataires à ce jour), et la réunion du 30 juin 2007 à l’amphithéâtre Charcot (Hôpital de la Salpêtrière de Paris), le comité de coordination a poursuivi la concertation et la réflexion avec les partenaires et les représentants associatifs des praticiens signataires. Une réunion a eu lieu à Paris, le 7 octobre 2007, avec un collectif de psychiatres appartenant à plusieurs organisations professionnelles, afin d'explorer les suites à donner au mouvement. Cette réunion a fait apparaître la nécessité d'un temps de préparation par des actions communes, et par une réflexion sur le fond et sur les finalités, avant de réunir des Etats généraux de la clinique, sans quoi leur tenue pourrait être sans lendemain, comme ce fut le cas lors d'initiatives analogues.
Dans cette optique, le coordination propose l'organisation d'une réunion publique dimanche 10 février 2008, dont le thème est "Qu'entendons-nous par clinique?".
Sur le front de l'université, les signes tangibles indiquant la volonté de détruire à la source, les formations en psychopathologie clinique ne cessent d'affluer, et confirment les prévisions pessimistes de la pétition: nomination massive d'experts connus pour leur hostilité à la psychopathologie clinique à l'AERES (Agence de l'Evaluation de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur), à la DES (Direction de l'Enseignement Supérieur), absence de cliniciens dans les nominations au CNU (Conseil National des Universités), disqualification des équipes sur lesquelles s’appuient la recherche et la formation des psychologues cliniciens en psychopathologie et psychanalyse à Lyon, à Poitiers, à Rennes, à Paris X, tentatives de reconfiguration des formations à nos dépens à Aix-Marseille.
La situation est si grave que le SIUEERPP (qui, rappelons-le regroupe plus de 180 enseignants de psychopathologie clinique) a demandé audience à Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche (Ci-joint la lettre), un mois après, sa réponse est qu'il ne lui est pas possible "de donner une réponse favorable dans un délai raisonnable".
Nous n’avons plus d’autre choix que de mener une bataille vitale face à la volonté de destruction et à l’arrogance. Aussi, nous vous invitons à faire circuler ce communiqué et à amplifier les signatures de la pétition : « Sauvons la clinique ».
http://www.sauvons-la-clinique.org/ " href="http://www.sauvons-la-clinique.org/%3e">
Paris, le 19 novembre 2007

mardi 27 novembre 2007

Que dit aujourd'hui la psychanalyse de l'enfance ? Une intervention de Philippe Lacadée

Résumé
La psychanalyse réarticule l’enfant et l’enfance comme période de la vie dans un discours. L’enfant est un sujet à part entière affronté à un réel – dont les émois sexuels et la rencontre amoureuse sont des formes contingentes. La clinique psychanalytique précisément a pour tâche de repérer comment chaque enfant fait réponse à ce réel par un bricolage spécifique hors des modèles formatés où le discours du maître veut avoir le dernier mot. Faut-il encore que sa parole soit entendue et que les effets de jouissance qu’elle entraine (dans le corps, la pensée) ne soient pas méconnus. A ce point, le psychanalyste, à l’Ecole de Freud et de Lacan, est attendu. Les exposés prévus, à partir de cas cliniques, feront le pari de la cure analytique pour que parler(s) d’enfances(s) ne soit pas une vaine formule.

PARLER(S) D’ENFANCE(S)
Que dit aujourd’hui la psychanalyse de l’enfance ? Organisé par Gérard Laniez pour le CCAS de La Rochelle,
en collaboration avec Hervé Castanet,

Mercredi 5 décembre 2007Salon de l’Hôtel Mercure Océanide, quai Louis Prunier
La découverte freudienne a fait historiquement scandale à propos de l’enfance pensée comme un paradis d’où tout réel était exclu. On a souvent réduit ce scandale à l’affirmation d’une sexualité infantile dont la psychanalyse, à son orée, a délinéé les enjeux pour chaque sujet. Mais le véritable scandale est ailleurs. Une vérité bien plus intolérable s’y fait jour : la sexualité n’est pas naturelle pour le petit d’homme, pour celui qui parle. Elle dépend d’une machinerie mentale, d’une fiction inconsciente où les signifiants se nouent à des bouts de jouissance irréductibles où le corps est engagé. C’est la découverte de la phrase jouie qu’est le fantasme et qui dénaturalise la sexualité (= toute sexualité) qui est intolérable - beaucoup plus que les pratiques sexuelles précoces perverses polymorphes.
Le complexe d’Œdipe freudien est une première modalité symbolique de faire réponse aux formes de la rencontre avec ce réel – de lui donner statut de question. Garçons et filles s’y confrontent, mais ni y entrent ni en sortent de la même façon. Une clinique différentielle pour la névrose et la perversion trouve sa logique. Quand l’Œdipe fait défaut, la psychose affirme un réel obscène qui se déchaîne laissant le sujet face à l’énigme qui demeure telle.
La psychanalyse réarticule l’enfant et l’enfance comme période de la vie dans un discours. L’enfant est un sujet à part entière affronté à un réel – dont les émois sexuels et la rencontre amoureuse sont des formes contingentes. La clinique psychanalytique précisément a pour tâche de repérer comment chaque enfant fait réponse à ce réel par un bricolage spécifique hors des modèles formatés où le discours du maître veut avoir le dernier mot. Faut-il encore que sa parole soit entendue et que les effets de jouissance qu’elle entraîne (dans le corps, la pensée) ne soient pas méconnus. A ce point, le psychanalyste, à l’Ecole de Freud et de Lacan, est attendu. Les exposés prévus, à partir de cas cliniques, feront le pari de la cure analytique pour que parler(s) d’enfances(s) ne soit pas une vaine formule.
Hervé Castanet

Matinée
9h00 – 9h30 : Présentation par Gérard Laniez et Hervé Castanet
9h30 – 10h15
« De la pratique psychanalytique avec les enfants »Jean-Louis Gault, psychiatre et psychanalyste à Nantes, membre de l’Ecole de la cause freudienne et de l’Association mondiale de psychanalyse.
10h15 – 11h00
« Souvenirs d'enfance et embrouilles du corps » Christiane Alberti, maître de conférences au département de psychanalyse de l'université Paris VIII, psychanalyste à Toulouse, membre de l'Ecole de la Cause freudienne et de l'Association Mondiale de Psychanalyse.
11h15 – 12h00
« Le Pubère où circule le sang de l'exil et d'un père. » Philippe Lacadée, psychiatre et psychanalyste à Bordeaux, attaché au Centre de jour pour adolescents de La Demi-Lune d’Ornon (CHS de Cadillac), membre de l'Ecole de la Cause freudienne et de l'Association mondiale de psychanalyse. Il est vice président du Centre Interdisciplinaire sur l’Enfant (CIEN).
Après-midi
14h00 – 15h00
« L’enfant , le symptôme, l’hétéros »ou « ce que nous apprend le petit Hans* sur sa propre phobie, et que vous n’avez jamais osé demander à Lacan »
* Freud (S.), Analyse d’une phobie chez un petit garçon de 5 ans (Le petit Hans), P.U.F., Paris, 1970, p. 93-198
Yves-Claude Stavy, psychiatre des Hôpitaux, chef de service à l’EPS de Ville-Evrard, psychanalyste à Paris, membre de l’Ecole de la Cause freudienne et le l’Association mondiale de psychanalyse
15h00 – 16h00
« Résonance et variationsEntre parents et enfants »Yasmine Grasser, psychanalyste à Paris, membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association mondiale de psychanalyse, responsable de l’Unité-enfants du CPCT Chabrol (Centre psychanalytiques de consultations et traitements), Paris.
16h15 – 17h15
« L'inconscient c'est l'infantile » (S. Freud).Hervé Castanet est professeur des Universités, psychanalyste à Marseille, membre de l’Ecole de la Cause freudienne et de l’association mondiale de psychanalyse.

lundi 26 novembre 2007

Prenons d’ores et déjà date pour le Colloque Déprime Dépression, organisé par Jacques-Alain Miller sous le Haut Patronage du Ministère de la Santé et qui sera inauguré par Mme Roselyne Bachelot-Narqui, les 25 et 26 janvier 2008 prochain.

Nous prenons date aussi pour les 9 et 10 février pour le deuxième Grand Meeting à la Mutualité pour la défense et la promotion de la psychanalyse.

On se souvient que M. Douste-Blazy avait fait sensation à la Mutualité en février 2005 lors d’un Forum des psys en apportant son soutien à la psychanalyse, prenant à contre-pied l’expertise collective de l’Inserm sur les psychothérapies.
On se rappelle que M. Xavier Bertrand avait contré en avril 2006 l’extrémisme de son administration centrale en présentant un projet de décret d’application de l’article 52 sur le titre de psychothérapeute tout à fait raisonnable et équilibré.
Nous notons ici que Mme Roselyne Bachelot-Narquin en novembre 2007 passe outre l’ostracisme dont est l’objet la psychanalyse dans le Guide de l’INPES sur la dépression.

Un, deux, trois, cela fait une série. Trois décisions, trois prises de parole, trois actes, par trois ministres successifs : belle continuité ! « Le sérieux, c’est le sériel » a écrit Jacques Lacan. Cette série est à prendre au sérieux. C’est-à-dire qu’on peut et doit en tirer des conséquences. C’est ce que pour sa part, avec les collectifs qu’il rassemble, fera l’InterCoPsychos.

A lire également : Entretien avec Jacques-Alain Miller paru dans le Charlie Hebdo N°805, du mercredi 21 novembre.

mercredi 21 novembre 2007

Instantanés de l’InterCoPsychos

mardi 20 novembre 2007
Catherine Lacaze-Paule

Véronique Pannetier, nous informe d’une bien inquiétante nouvelle : la disparition de la profession de conseiller d’orientation-psychologue. Et cette disparition se fait au à la charge des professeurs, déjà bien saturés de nombreuses missions, qui vont effectuer l’information et les entretiens ou bien au profit de services privés forts payants… pour ceux qui y officient à coup de tests. Elle nous montre dans son texte clair et précis comment l’idéologie de l’évaluation y est à l’œuvre dans ce contexte de pénurie du travail pour tous. A contrario de la pratique clinique des conseillers d’orientation-psychologues qui s’attache, au un par un, à partir de ce qu’il y a de plus singulier chez un sujet en demande d’orientation professionnelle, à découvrir et inventer son orientation de vie dans la société qui passe parfois par des étapes, ce qui est préconisé actuellement c’est une approche de masse, de tests et de statistiques. Pourtant, « Le un par un n’est pas la négation du collectif mais sa condition nécessaire. » argumentait Véronique Pannetier dans un ouvrage collectif dont je vous recommande la lecture. « Exégèse des lieux communs en orientation » Éditions qui plus est.

Ce qui arrive aux psychologues conseillers d’orientations nous semble tout à fait du même ressort que ce qui se profile pour les psychologues qui ne réduisent pas leur pratique aux seules techniques. C’est pourquoi l’association InterCoPsychos et les collectifs soutiennent les actions de nos collègues.

mardi 20 novembre 2007

Laver plus blanc c'est une purge!

Suppression de l’enseignement d’anthropologie clinique dans le Master professionnel Psychologie Clinique & Psychopathologie de l’Université Paris-10 Nanterre ou de ce que révèle ce passage à l’acte:

A l’Université Paris-10 Nanterre le diplôme de Master Pro « Psychologie Clinique et Psychopathologie » s’est trouvé amputé du déjà trop maigre enseignement d’anthropologie clinique et psychanalytique qu’assuraient jusqu’à présent, à la suite de Françoise Couchard, Jean-Baptiste Fotso-Djemo et Oliver Douville, tous deux enseignants titulaires, connus comme de bon spécialistes de cette question par leurs publications et leurs communications scientifiques en Europe comme un peu plus loin ailleurs. Il ne vaudrait pas la peine de commenter plus avant une telle décision, prise sans aucune concertation par Jean-Michel Petot et annoncée aux deux responsables par un mail truffé d’arguties si elle n’annonçait une mutation idéologique inquiétante dans l’enseignement proposé à ces étudiants de Master 2, nos futurs collègues, donc. Certes, cette suppression piteuse d’un enseignement n’est qu’un coup de force, exécuté avec brutalité, sans qu’aucune réponse au courrier envoyé par les deux intéressés ne leur soit parvenu ni que quoi que ce soit n’ait été envisagé à propos de l’amputation de leur service statutaire qui résultait de cet « ukase ». Nous sommes assez loin de la correction et de la collégialité nécessaire à un fonctionnement clair et correct d’une équipe pédagogique. Cette décision est, de plus, et c’est le plus important, tout à fait à courte vue: qui ignorerait que nos futurs collègues vont travailler dans un monde mouvant, pluriel, où les questions de déplacements des populations, des exclusions et des exils fulgurent ? et qu’il convient d’inventer encore une voie clinique qui sans faire l’apologie d’un folklorisme culturaliste, sache entendre les incidences subjectives des ruptures de l’histoire et des exils.

Passons sur l’amertume qu’il y a à voir l’anthropologie clinique rayée d’un revers de main dans une université qui valait autrefois pour le prestige de l’enseignement qu’y dispensaient R. Dorey, B. Gibello et, surtout, D. Anzieu, lequel, nous le tenons de source sûre, avait proposée comme premier titre de sa collection « Psychisme », chez Dunod, celui précisément d’ « Anthropologie Clinique ». Analysons le symptôme que cette rupture avec la tradition de Nanterre révèle, par sa brutalité même. S’il y survivait encore un peu de l’esprit et de la rationalité de la psychanalyse en psychologie clinique, le territoire de l’abord psycho-dynamique s’est restreint très rapidement à une peau de chagrin. La psychologie clinique est en ces lieux devenue très rapidement un concentré d’enseignements dévolus aux dites nouvelles cliniques (celles qu’on déduit des DSM) et aux nouvelles psychothérapies (qu’on pourrait ranger sous la bannière P.T.S.P. –psychothérapies : tout sauf psychanalyse). On voit très bien l’anthropologie et la psychologie « new-look » qui découlent de ce genre d’idéologies : l’homme comportemental souffrant de quelques défauts d’adaptation au réalisme ambiant. On voit encore mieux à quel point le regard critique qu’une culture anthropologique véritable peut donner aux étudiants à propos de la promotion de ce nouveau typus psycholgicus était indésiré, redouté, encombrant.
C’est ainsi : cette médiocre petite histoire n’est rien qu’un exemple de plus qui montre à vif une antipathie des discours et des conceptions de l’homme qu’abritent d’une part la culture psychodynamique psychanalytique et, d’autre part, et à l’opposé le management psychologique en vogue. Il était logique que la hargne antipsychanalytique dont nos étudiants de clinique sont affublés jusqu’à l’absurde ne puisse admettre que l’on parle de culture et psychisme, de singularité et de collectivité, de la part jamais collectivisable du symptôme, refuse aveuglément qu’on tienne et qu’on présente pour décisifs les avancées « anthropologiques » de Freud, Roheim, Devereux, et de quelques autres plus actuels dont Pradelles de Latour, Duruz, Kaës ou Duparc.

C’est à ce titre que je tiens à porter à votre connaissance cette petite anecdote révélatrice comme on dit de l’ « air du temps ».

Olivier Douville

mercredi 7 novembre 2007

La chancellerie projette de supprimer les non-lieux pour troubles psychiques

LE MONDE 07.11.07 12h34

La justice ne pourra plus prononcer de non-lieu pour les malades mentaux criminels. Au nom des victimes, Nicolas Sarkozy avait demandé à la garde des sceaux, Rachida Dati, de faire en sorte qu'il devienne possible de les faire comparaître. La commande est exécutée. Un avant-projet de loi, dont Le Monde a eu connaissance, prévoit une nouvelle procédure aboutissant à des "décisions de culpabilité civile".

Deux faits divers ont motivé la volonté présidentielle : l'affaire Romain Dupuy, un schizophrène qui a tué une infirmière et une aide-soignante en 2004, dont le non-lieu est contesté mercredi 7 novembre devant la cour d'appel de Pau. M. Sarkozy avait reçu les familles des victimes, après que le jeune homme avait été déclaré irresponsable en août. Le même mois, il était conforté dans son idée, après le viol d'Enis, 5 ans, à Bordeaux, par un malade en permission de l'hôpital psychiatrique.
Le texte, à l'examen du Conseil d'Etat, n'est pas définitif. Il prévoit que le juge d'instruction ne pourra plus prononcer de non-lieu sur la base de l'article 122-1 du code pénal. Celui-ci exonère les auteurs de crime ou de délit de toute responsabilité pénale si un trouble psychique a aboli leur discernement quand ils ont commis leur acte. Le juge délivrera une "ordonnance d'irresponsabilité pénale pour trouble mental".
C'est la chambre de l'instruction qui décidera de renvoyer ou non l'auteur atteint de troubles psychiques devant des juges. Si le parquet ou les victimes le demandent, une audience publique se tiendra. Après l'interrogatoire du mis en examen, la déposition des experts et celle des témoins, la chambre de l'instruction pourra renvoyer l'auteur des faits devant un tribunal ou une cour d'assises, ou déclarer son irresponsabilité en raison de l'abolition de son discernement. Le "non-lieu", là encore, disparaîtra. Il sera rendu "un arrêt de constatation de culpabilité civile de la personne", notion qui laisse très sceptiques les juristes.
Les juges de la cour d'appel déclareront "que la personne a commis les faits qui lui étaient reprochés". Ils prononceront son irresponsabilité pénale. Mais ils pourront déclarer sa responsabilité civile, en statuant sur les demandes de dommages et intérêts. Enfin, la chambre de l'instruction pourra ordonner des mesures de sûreté, telles que l'interdiction de paraître dans certains lieux ou celle d'exercer une profession sans examen psychiatrique préalable. La décision lèvera la détention provisoire et le préfet pourra prononcer une hospitalisation d'office.
"DÉSIGNER OFFCIELLEMENT L'AUTEUR DES FAITS"
Deux autres dispositions prévoient que les cours d'assises et les tribunaux correctionnels pourront, eux aussi, déclarer la "culpabilité civile" et statuer directement sur les dommages.
La cour d'assises peut déjà se prononcer sur deux questions : "l'accusé a-t-il commis les faits reprochés?" et "l'accusé bénéficie-t-il pour ce fait de la cause d'irresponsabilité prévue par la loi?" Mais les investigations s'arrêtent la plupart du temps dans le bureau du juge d'instruction. Les victimes se voient alors privées d'explications. Le juge n'a pour seule obligation que de leur adresser un courrier recommandé notifiant les résultats de l'expertise qui conclut à l'irresponsabilité.
Pour l'Association des parents d'enfants victimes (Apev), qui participe depuis plusieurs années aux réflexions ministérielles, l'ordonnance de non-lieu, ainsi rendue, était à proscrire. Son président, Alain Boulay, a réclamé qu'il soit possible de "désigner officiellement l'auteur des faits après un débat public".
"Il ne s'agit pas de juger les fous", affirme le porte-parole de la chancellerie, Guillaume Didier. Le faire serait contraire à la tradition juridique démocratique : une infraction n'est poursuivable devant la justice que si l'intention de la commettre est établie. Pour la chancellerie, il s'agit de "faire en sorte qu'existe une véritable audience pour évoquer les faits".
Le texte ministériel va cependant plus loin que le premier projet élaboré en 2003 à la demande du garde des sceaux Dominique Perben. Les experts désignés alors avaient proposé de créer une juridiction spéciale, qui devait statuer non sur une culpabilité mais sur "l'imputabilité" des faits à l'auteur malade mental. Cette esquisse avait été très critiquée parmi les magistrats et les médecins psychiatres.
"Les responsables politiques disent que, sans procès, les victimes ne font pas leur deuil, et qu'il leur faut un espace judiciaire pour leur permettre d'exprimer leur traumatisme, explique Emmanuelle Perreux, présidente du Syndicat de la magistrature (SM, gauche). Mais la question de la réparation personnelle ne peut être réglée par la mise en scène de la justice." "La demande des victimes n'est pas une demande de thérapie, ni une demande de cérémonie rituelle pour justifier les décisions précises", avait tempéré l'Apev.
Les médecins, eux, dénoncent le fait que la pénalisation de la folie est déjà inscrite dans la réalité. Le nombre d'ordonnances de non-lieu prononcées par les juges d'instruction pour irresponsabilité est en chute libre : près de 450 en 1987, moins de 200 dix ans plus tard. La conséquence est que les prisons abritent 21 % de détenus psychotiques.
Nathalie Guibert