mercredi 3 octobre 2007

Journées d’études de l’Ecole de la Cause Freudienne

Paris le 6 et 7 octobre 2007 Notre sujet supposé savoir, ses incidences cliniques, ses enjeux politiques. Comment finissent les analyses.* * * * * * *Débat préparatoire
Jean-Pierre Rouillon
Le savoir et l’autismeL’autiste objecte à la supposition de savoir. Nul savoir ne surgit pour permettre d’ordonner ses comportements, ses gestes, ses mots, ses phonèmes. Pour sortir de cette impasse, il n’y a qu’une voie : prendre acte du fait que l’autiste est un être soumis au signifiant et que c’est à partir de son rapport singulier au signifiant et au corps qu’un dialogue peut s’instaurer lui permettant de consentir à son appartenance à la communauté humaine. Si le sujet autiste est un sujet pris dans le signifiant, c’est un sujet qui se défend contre la jouissance. Ce qui peut par moment apparaître comme jouissance effrénée est tentative de défense contre la jouissance, et il y a lieu de distinguer le ravage qui laisse le sujet dans la déréliction, qui l’exclu de la position de sujet de ce dont il use pour se défendre contre la jouissance. C’est en effet, sur cette défense qu’il s’agit de prendre appui et non pas sur la défense qu’il faudrait. Ce qui implique de prendre appui sur ses gestes, ses paroles, c’est-à-dire sa pantomime pour reprendre l’expression de Jacques-Alain Miller. Nous devons partir de ce que le sujet nous présente non pas en le réduisant à des comportements, mais en le considérant comme un texte en lui restituant la part d’énigme qui permet de creuser un premier écart entre le sujet et son corps, entre celui qui se défend et son être de jouissance. Cette fonction du langage qui s’incarne pour le petit Robert, dans ce mot, Le Loup ! , signifiant tout seul vient se produire pour d’autres sujets dans un geste, dans un bruit, dans un son venant du corps. Il ne s’agit pas d’accuser réception de cet objet comme d’un cri qui pourrait faire appel, mais de prendre acte du fait qu’il s’agit d’un signifiant, c’est-à-dire de quelque chose qui au-delà de la distinction du sens et de la jouissance, est à lire. C’est ce début de lecture que peut instaurer le redoublement, le fait de reprendre avec tact ce que l’analyste vient de prélever dans la pantomime du sujet. La surprise provient alors du consentement ou non du sujet à l’écart que l’analyste vient d’introduire. Il le reprend mais en lui imprimant une différence, en creusant un écart avec ce qui vient de surgit comme texte. S’instaure alors un dialogue insensé témoignant d’une présence à l’autre qui introduit la vie au lieu même où l’inanimé semblait avoir pris définitivement ses quartiers. Ce dialogue fragile, qui se déroule dans l’instant sans se vouer à la durée, ce dialogue qui permet au sujet de respirer en prenant langue avec un autre est le signe qu’une rencontre a eu lieu et que des conséquences peuvent s’en déduire. Il y a lieu alors de prendre acte du savoir y faire du sujet avec la jouissance, savoir y faire qu’il peut justement construire dans ce dialogue avec celui qui a consenti à s’en faire le partenaire.

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