mercredi 16 janvier 2008

Quelques notes prises lors du Cien du 8 janvier 2008

Roselyne G : « Action ! Action ! Une seule solution !… »
Françoise L : « Le monde change, nous aussi ! »
Yasmine Y aborde le sujet Sarkosy. Elle dit qu’avec lui, les mots sont vidés de leur sens. C’est un effet recherché des experts en communication qui sont autour de lui. L’effet recherché est purement politique et non sur le Réel. Quelqu’un parle de discours obscène ( définition dico : qui offense ouvertement la pudeur dans le domaine de la sexualité ) .
Sa vie privée est étalée ( ce que nous avons fait toute la soirée aussi…), dans une politique de soi-disant transparence. On assiste dans le même temps à une dénonciation de l’attitude d’autres hommes politiques qui ont gardé de grands secrets.
Patrice F parle de l’apparition du mot « concept » dans le discours de Sarko et du terme repris de Edgar Morin : « politique de civilisation ». Un des arguments d’ E. Morin était de dire qu’à vouloir la croissance à tout prix, on ne faisait que ressortir les effets néfastes du progrès.

Petit intermède de Roselyne Gavasso, à sa demande et à mon enthousiasme :
L’avaleur des liens.
De l’ère des objets que l’on jette,des objets remplacés qu’on ne répare plus,
Que l’on crée fragiles exprès pour qu’ils ne durent plus,
On passe à l’heure des humains que l’on jette,
Des hommes sans qualité,inutilisés,les étrangers,
Meme un père ou une mère---
Le deuil d’une mère est réduit à portion congrue,un an ,huit,neuf mois meme au plus( j’ai pu voir ça dans mon collège récemment pour deux adolescents),

Alors quels effets ça peut faire ?

Quelqu’un ajoute que Sarko s’inscrit dans une politique qui fait rupture car il reprend à son compte des termes qu’il sort de leur contexte d’origine, les dépouillant dès lors de leur consistance et de leur valeur ( le discours en devient creux et sans sens). Il utilise également des oxymores ( ex : rupture tranquille) , ce qui entraine des confusions de sens.

Question posée : pourquoi y a-t-il si peu d’analyse ?
Y a-t-il un effet de sidération ? Sidération par rapport à ce qu’il se permet de dire, sur ce qu’il s’autorise, ce qui entraîne peut être qu’on se centre sur sa personne, au lieu d’analyser l’usage qu’il fait de la langue. ( c’est renforcé cet effet de centration par le fait que les médias font étalage de sa vie privée )
Y a-t-il un effet de fascination ?
Une infantilisation ?
Nouvel interlude musicale de Roselyne Gavasso, à son inititative et à mon soutien :
Alors quels effets ça peut faire ?
Pour les enfants et pour les grands,
Lorsque c’est affiché, avalisé
A ce niveau là, et par les media ?
Qu’est-ce qu’un père, qu’est-ce qu’une mère ?
Quel lien unit ces deux-là ?
Quelle est la place, la valeur de l’enfant là, quel est son choix ?

Le Symbolique qui se vide, se réduit à peau de chagrin,
La jouissance qui le remplace, l’absence qui se réduit,
Le temps du deuil qui se rétrécit,
Le temps du manque et de la trace
Et de la place pour l’enfant fruit d’un lien—ce lien-là
Mais où est-il cet Enfant-là ?

Marie-odile nous parle de Milner, qui a écrit la Politique des choses ; elle dit son insupportable que dans cette façon de gouverner, on judiciarise tous les gens qui ne sont pas « normaux », cad nous les gens qui passont par des moments de dépression ( là c’est moi qui rajoute ça)… et j’en profite pour vous rapportez ce passage issu de Nouvel âne du 7 octobre 2008, de Catherine Lazarus-Matete, passage qui m’a beaucoup plus :
« (…) le soi-disant sujet universel de la dépression n’existe pas, ce n’est qu’une catégorie attrape-tout. On y trouvera pêle-mêle : Le mélancolique et sa faute morale ; la femme battue ; le pédophile honteux ; l’adolescente suicidaire quand on boit à la maison ; l’enfant qui ne va plus en classe ; celui qui est sombre, dont la mère s’enferme ; l’homosexuelle qui veut un enfant ; le jaloux délirant ; celui qui va sans cesse trop bien ; celui pour qui il n’a plus de sens ; la jeune fille qui se scarifie pour sentir la vie en elle ; celui qui se tatoue pour border son corps ; celui qui est toujours la tête à claques ; celui qui refuse la couleur de sa peau ; celui qui est assailli par des voix ; l’enfants qui fait des cauchemars ; celui qui fait au lit, qui a perdu le sommeil, qui s’agite tout le temps ; celle qui va mal dès qu’il fait beau ; celui qui a peur de la vie ; l’enfant qui ne veut pas grandir ; l’adulte qui vérifie tout ; celle qui a des tics ; celui qui bégaie ; celle qui a le trac ; celui qui a des tocs ; celui qui a peur des femmes ; celle qui se méfie ; celle qui pleure son enfant ; le timide maladif ; celui qu’on n’a pas désiré ; celui qu’on ne reconnaît jamais ; la transparente, l’insatisfaite, l’incomprise ; celui à qui on n’a rien transmis ; celle qui est soumise ; celui qui fauche dans les magasins ; l’anaroxique prise dans le ravage maternel ; celui qui végète ; celui qui a un nez trop long, un sexe trop petit ; celle qui a des seins trop menus ; celle qui les as trop gros ; celui qui ne peut dire non ; celle qui n’ose pas dire oui ; celle qui se fait opérer à tour de bras ; celui qui court après la lune ; celui qui a le sida ; la rêveuse à qui rien n’arrive ; la jeune fille trop sage ; la jeune accouchée dont le baby blues insiste ; celui qui frappe son enfant ; celui qui insulte le monde entier ; l’agressif, le colèrique, le retenu, l’abandonné, la femme laisser-tomber, l’artiste en mal d’inspiration ; l’employé humilié ; celle qu’on licencie régulièrement ; le solitaire interprétatif ; le sujet nostalgique du pays de son père ; le chef d’entreprise qui pleure en cachette ; l’adolescente mystique ; l’extravertie qui se met en danger ; celui qui doute ; celle qui souffre pour les autres ; celle qui soigne pour ne pas tuer ; celui qui ne fait rien de ses talents ; celui dont on se moque ; celle qui se sent toujours regardée ; la jeune fille qui vomit ; le jeune homme qui aime les garçons ; celui qui remet tout à plus tard ; l’impulsive ; le toxicomane qui lutte contre l’angoisse ou les hallucinations ou une maladie organique ; la femme qui observe le spectacle de la vie ; celui qui…, celle qui… (…)»
Roselyne fait un lien avec ce qui se passe dans la cours de récré : face à quelqu’un qui « tchatche », qui sait user de la langue et qui envoie les autres en touche sans même écouter ce qu’is disent, en jouant sur sa maîtrise du jeu verbal, les élèves en manque de mots pour répondre, en mal d’espace pour dire de façon maladroite ou trébuchante, ils frappent. Ils usent des passages à l’acte car ils se sentent démunis, n’ont pas de prise par la langue sur ce type de discours.
Quand la langue devient un mur totalisant, la pulsion ne peut en effet pas s’accrocher à la langue, sortent alors souvent des insultes, des coups,…
Alors, comment faire des petits trous par la langue pour que ça respire un peu ?

Tentative (ratée) de Françoise de sortir de notre marasme en parlant du texte de Lacadée. Il pose la question de l’inexorable du signifiant. Comment faire pour se soustraire à l’effet mortifiant des signifiants, de ces identités qui nous collent à la peau ?

Puis nous débattons à propos du cynisme ( dico : Mépris des conventions sociales, de l'opinion publique, des idées reçues, généralement fondé sur le refus de l'hypocrisie et/ou sur le désabusement, souvent avec une intention de provocation.)
Une définition est donnée : le cynisme : dire la vérité sachant que l’autre n’y croira pas.
Le cynisme consiste à frapper l’Idéal du nullité, mais pas la jouissance, qui est alors la loi commune à tous

Quelques dates : 5 février prochain, réunion du Cien à 20h30.
Vendredi 15 février, à 20h30 à l’Autre Rive , présentation de Philippe Lacadée de son nouveau livre.

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