dimanche 15 avril 2007

Suite à la conférence de Noëlle de Smet :

« Au front des classes »
Vendredi 9 mars 2007, Lycée Cyfflée

Luc

La solitude des enseignants

Pour traiter la solitude des enseignants, il faut éviter d’être seul et recourir à des points d’ancrage, tels que l’équipe pédagogique, la pédagogie institutionnelle, le groupe du CIEN. La pédagogie institutionnelle préconise d’éviter la relation duale qui ravale l’enseignement, en trouvant une médiation qui permet de supporter beaucoup de choses. Le seuil de tolérance des enseignants augmente s’il y a ces dispositifs extérieurs, permettant des « petits » déplacements.

Ne pas savoir

Les enseignants ont à se mettre en position de ne pas savoir. Ce qui encombre, ce sont les modèles qu’on a dans la tête, qui nous empêchent d’entendre les questions vivantes des jeunes. On se dit alors : « Celle là est paresseuse » ; « Il me fait cela pour m’ennuyer ».

Le désir de l’enseignant

On réveille le désir des jeunes à partir de son propre désir. Plus l’enseignant a envie, plus l’élève a également envie. On remet ainsi les sujets debout et au travail par rapport à leur désir. On trouve un point de bascule qui permet de trouver une nouvelle donne. Les jeunes cherchent un tel appui. C’est ainsi que l’école devient un lieu de vie et d’apprentissage. Chaque enseignant a à se risquer avec son propre style. Les inventions viennent au fur et à mesure.

L’insulte : une énigme

L’insulte est toujours présente dans l’école. Les élèves insultent les professeurs, les professeurs insultent les élèves. L’insulte est une forme de parole dans l’école. Il y a une énigme dans l’insulte. Il est difficile de répondre du tac au tac. On peut partir de l’insulte pour faire un jeu de mots, décaler le signifiant et le signifié, permettre un point d’appui réciproque.

La punition : ses effets pervers

La punition, la répression, conduisent à la répétition des mêmes modes de fonctionnement. La punition peut alimenter ce sur quoi on punit, elle a des effets pervers, un élève peut par exemple rechercher le maximum de remarques des enseignants en se faisant punir. La punition exclut. Il faut se demander à quel moment et pourquoi on punit, que signifie la punition, qu’est ce qui est transgressé, quelle est la parole qu’il y a autour, comment faire pour reconstruire une parole autour de cela ? Il faut mettre fin à la promotion des « tarifs » des punitions, où l’on applique telle punition selon tel type de comportement de l’enfant. L’adolescent a un rapport particulier avec le calme, le mouvement, l’apprentissage. Il se moule ou ne se moule pas au système. Il ne supporte pas l’humiliation et le ravalement à un statut d’objet.

Avoir un regard sociologique

Enseigner nécessite d’avoir un regard sociologique. Il faut accéder à des auteurs pour comprendre la logique des milieux populaires. Lorsque les enfants sont issus d’un milieu populaire, il existe un fossé entre le monde social des enseignants et le monde des enfants en difficulté scolaire. Il faut se demander quel est cet enfant, quel est son univers familial, quel est le discours que les parents portent sur lui (par exemple, « tu es un incapable ! ») ? Les enseignants doivent pouvoir s’autoriser à être différents des parents, les parents à être différents de leurs enfants, et vice-versa.

Enseigner est un acte politique

Enseigner implique le regard de l’enseignant sur la société. Il faut être humain pour être enseignant, c’est un acte quasiment politique où l’on choisit son camp. La manière d’organiser la classe, en évitant la position duale, correspond à une manière d’organiser la cité.

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