jeudi 31 mai 2007

Un programme britannique veut éviter au bébé de devenir délinquant

L'information fait la "une" du Guardian : Tony Blair va annoncer, ce mercredi, le lancement d'un programme visant à identifier, seize semaines après leur conception, les bébés les plus à risque en termes d'exclusion sociale et de potentiel criminel. L'objectif de cette "stratégie gouvernementale de parentalité" est de "redonner le contrôle aux parents", d'améliorer les conditions de vie de leurs enfants, et d'essayer de leur éviter de finir délinquants.

Le programme ne concernera que les mères en difficulté financière dont c'est le premier enfant, et se fera sur la base du volontariat. Elles feront l'objet de visites hebdomadaires pendant toutes leurs grossesses, puis tous les quinze jours jusqu'à ce que leurs enfants atteignent l'âge de 2 ans.
Leurs interlocuteurs, des sage-femmes et visiteurs médicaux, les aideront aussi à trouver du travail, à arrêter de fumer ou de se droguer, à renforcer les liens affectifs avec leurs bébés et à devenir de "bons parents". Les autorités britanniques, qui prévoient d'investir 7,5 millions de livres (près de 11 millions d'euros) dans le projet, ont d'ores et déjà commencé à recruter les 1 000 premières familles dans dix régions pilotes.
CONTRIBUER AU DÉVELOPPEMENT AFFECTIF, NEUROLOGIQUE ET SOCIAL DES BÉBÉS
Lors d'une conférence tenue en mars dernier, Kate Billingham, responsable du programme au ministère de la santé britannique, a évoqué, radiographies de cerveaux d'enfants à l'appui, les différences neurologiques existant entre enfants bénéficiant de toute l'attention de leurs parents, et ceux qui étaient négligés. Interrogée par le Guardian, Kate Billingham estime que les risques de voir ces nouveaux-nés stigmatisés en tant que futurs délinquants ou exclus sociaux sont largement compensés par l'aide qui sera apportée aux familles pauvres et à leurs enfants.
Trois expériences pilotes, menées aux Etats-Unis, auraient démontré que les enfants suivis avaient un QI plus élevé, un langage plus élaboré et de meilleurs résultats à l'école, qu'ils faisaient moins l'objet d'abus et négligences (- 48 %), d'arrestations (- 59 %) et de placements sous surveillance (- 90 %), que leurs pères étaient plus impliqués et leurs mères moins sujettes aux grossesses répétées. De plus, il s'agirait d'un "investissement" à long terme car un tel programme permettrait d'économiser 12 500 £ (18 000 €) d'argent public par enfant ayant atteint l'âge de 30 ans.
En France, la proposition de dépistage précoce des "troubles du comportement" chez les jeunes enfants, faite l'an passé par Nicolas Sarkozy, avait soulevé une vaste polémique. La pétition "Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans" avait recueilli près de 200 000 signatures. Dans son projet pour les législatives 2007, l'UMP propose d'"aider et responsabiliser les familles qui rencontrent des difficultés à exercer leur mission d'autorité parentale" en se rapprochant de celles dont les enfants posent des problèmes à l'école, et de suspendre ou mettre sous tutelle les allocations familiales de celles qui, "malgré cette aide, ne remplissent pas leurs devoirs éducatifs".
Jean Marc Manach

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