mardi 22 mai 2007

On a (tout) essayé !

Noëlle de Smet
Nancy, le 10 mars 2007 dans une classe d’un lycée professionnel restera dans ma mémoire une trace à la fois douce et forte de traits occupés à se dessiner dans une école, chez des enseignants embarrassés par les multiples aléas, grippages et perturbations quotidiens de ces ados qui n’arrêtent jamais leurs inventions !
Désirs d’enseignants d’avancer avec leurs élèves, de les entraîner dans des chemins d’apprentissage…
Lassitude aussi : « On a tout essayé » commence un enseignant !
Désirs de jeunes, rendus là présents, d’être remarqués, préférés, uniques.
Détours en tous genres pour y arriver et aussi pour sortir du quotidien scolaire à leurs yeux parfois trop ennuyeux. Mes élèves disaient : « Il ne se passe jamais rien ici à l’école, c’est toujours la même chose… ». Alors ils font en sorte que des choses se passent !
Des choses qui nous embarrassent, nous enseignants.
« Monsieur, je peux aller aux toilettes ? » Pipi à chaque cours de cet enseignant, à la même heure quasi !
« Ca ne peut pas attendre ? » demande une enseignante qui se trouve régulièrement dans le même genre de situation.
Si on laisse faire les élèves les cours se passeraient bien en entrées et sorties constantes !
Pour aller se soulager. Mais au fond, de quoi au juste !?
« ça » peut attendre peut-être… mais le sujet qui fait la demande, lui, trouve sans doute vital d’en profiter pour aller se refaire ce maquillage qui doit être beau pour midi ou aller prendre un peu d’air, un peu bouger, un peu se détacher du groupe… ?
« Qu’est-ce que je fais moi l’enseignant qui ai le devoir de les garder dans les classes ? D’autant plus que s’ils sortent ils peuvent aussi aller se taillader les veines… ça m’est arrivé déjà. Et je suis responsable. »
Dans ces apports à première vue anodins, un monde arrive…
Il m’a touchée l’enseignant qui a lancé les apports des uns et des autres en osant d’emblée apporter des traits de ses malaises et difficultés.
Ils m’ont touchée les membres du laboratoire du Cien, présents là, simplement avec la proposition d’une parole ce matin-là, avec des enseignants volontaires de ce lycée-là, à l’occasion de son samedi portes ouvertes.
C’est avec plaisir et intérêt que j’ai participé à ce partage de parole cherchante et chercheuse.
Entendre les vécus mouvants des enseignants, entendre leurs inventions, chercher avec eux de nouveaux creux où pourraient s’accrocher un désir de ces jeunes, où pourraient se jouer les présences des uns et des autres…
Dans ces 2 petites heures, dans ce lycée de Nancy, avec des membres du laboratoire, quelque chose a semblé bouger.

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